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NAPOLÉON A LYON. 113 en tète son colonel, M. de ***. Ces Messieurs se mirent en chemin, mais parvenus à l'entrée de la Guillotière, ils furent tout surpris du mouvement extraordinaire qu'ils remarquèrent sur ce point et que, des salles de l'Hôtel-de-Ville ou des anti- chambres de l'Archevêché, ils n'avaient nullement soupçonné. La population du faubourg n'étant pas contenue comme celle de la ville par la présence de l'autorité supérieure , laissait paraître plus librement ses désirs, ses espérances , ses dispositions. Ceci donna à penser à Messieurs les envoyés, et, avant d'aller plus loin, ils jugèrent à propos de tenir entr'eux un petit con- seil sur ce qu'ils avaient à faire en semblable occurrence. Ils en- trèrent pour cela dans le corps-de-garde occupé par une com- pagnie de gardes nationaux ; lieu ouvert à tout venant et où chacun apportait les renseignements qu'il recueillait sur la marche des événements. — Messieurs , disait M. de *** à ses collègues de la députa- tion, « il est sans doute bien pénible pour de fidèles sujets du roi tels que nous , d'avoir à traiter avec l'homme qui vient pour la seconde fois usurper le trône de Saint-Louis ; mais nous devons à nos concitoyens le sacrifice de nos sentiments per- sonnels , Dieu sait à quelles extrémités pourrait se porter en- vers les habitants de notre malheureuse cité une soldatesque effrénée si, dans ces déplorables circonstances, nous ne nous interposions pas entre elle et le peuple lyonnais. Notre pre- mier devoir est d'empêcher à tout prix l'effusion du sang ; nous ferons donc taire nos légitimes répugnances et nous nous ren- drons au quartier général de Buonaparte pour remplir la mis- sion qui nous est confiée. Mais, Messieurs, jurons de ne point déposer, même au milieu de ses sicaires, cette cocarde sans tache que nous avons l'honneur de porter. » Et tous de s'écrier .- Nous le jurons ! En ce moment entra un jeune habitant du faubourg qui sem- blait vouloir communiquer quelque chose au chef du poste. — Eh bien ! lui demanda celui-ci, qu'avez-vous appris de nou- veau ?