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DE LA DOULEUR DANS LE TEMPS. 83 mondes... l'insaisissable partout répandu Homme, vois, vois, tout est si beau!! Dis, si pour ton seul agrément"ces paupières fortunées ont jamais vu la lumière ! Ah ! la nature n'a pu retenic sa pensée et garder le secret des Cieux... Quelle hymne chante le soir dans les solitudes du silence? J'ai écouté les bruits de la terre, ils me racon- taient quelque chose d'inconnu ; et j'avoue que je n'ai pu as- sister au spectacle de ses nuits sans êtres pénétré d'un fré- missement immense et solennel. Poète, il faut me dire quel est ce grand secret de mélancolie que la lune aime n raconter aux vieux chênes et aux rivages antiques des mers... Et moi sur le haut de la montagne , j'ai entendu passer le vent comme s'il portait tous les soupirs des mondes. Et dans les cimes des grands pins, et vers le bord de mes genêts, derrière le pan de ma muraille , comme auprès de ma porte close , toujours sa voix est revenue avec les mêmes gémisse- ments , et mon âme m'a demandé ce que c'était : — Ah ! il faudrait que je fusse morte pour rester sourde à cette voix ! Que je fuie sur les monts , que je traverse la plaine, que j'approche de l'Océan, la même plainte arrive à moi... Pourquoi le vent vient-il toujours gémir ainsi ; il faut bien que quelqu'un lui ait donné cet accent ? Et je répondais à mon âme, écoute mon pressentiment : LES divines hiérarchies brillaient dans leur pureté ; et Dieu songeait aux êtres qui brilleraient dans leur mérite. Déjà l'é- ternelle pensée contenait les essences qui devaient être par vertu ce que l'ange est par nature : les Gieux restaient cons- ternés d'avoir vu l'orgueil naître de la spontanéité du bonheur! Ah ! l'amour ne tentera plus de faire échapper les esprits aux conditions éternelles. L'Absolu a des frontières redoutables : la douleur devient l'unique passage de la liberté ! Les <1mes rece-