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84             DE LA DOULEUR DANS LE TEMPS.
vront le temps ; elles feront successivement en elles ce qui
s'est identiquement opéré dans l'Être        Alors l'Eternel de-
mandât au Ciel bienheureux s'il n'y avait pas quelque Puis-
sance qui voulut accepter la douleur pour la nouvelle créa-
tion. Et les hiérarchies divines, se pressant tremblantes contre
Dieu, restèrent dans le silence        Dieu dit : Je ferai l'hom-
me a mon image et ressemblance !

   — Ah ! dis-moi quelque chose d'infini sur l'homme , parce
que dans mon émotion je vis à une profondeur que ma pen-
sée n'éclaire plus...

   Mais le Dieu qui aime n'a pu voir toutes ses créatures
éprouvées à la fois dans les douleurs de l'ineffable enfante-
ment. Vers cette tendre oreille des Cieux , les cris de l'indi-
vidualité naissante ne pouvait monter de tous les points de
l'univers : reculer les bornes de l'être , c'était porter plus
loin les confinsdu bonheur !       Cependant l'infini, parcou-
rant sa carrière éternelle , versait à profusion les sels de la
vie sur les champs arides du néant ; et l'immense douleur ,
fécondant les germes des êtres, couvrait la création... Il fallait
que l'onde amère se retirât de ses rivages pour rentrer dans
son golfe le plus étroit ! Pour que l'éclatante joie, révélant
l'immortalité aux êtres, puisse briller sur l'univers, le filon
d'or de la souffrance habitera les cœurs profonds              Et
Dieu enleva les racines des êtres avec toute leur solidarité !

  — Ah! dis-moi quelque chose d'infini sur l'homme, parce
que dans mon émotion je vis jusqu'à une profondeur que ma
pensée n'éclaire plus...

    Et celte main de l'infini qui dans un germe mit tout l'ar-
bre, et dans l'arbre une forêt, mil dans la souche toute l'espèce,