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i48                  LE DOCTEUR CHERVIN.

si les deux collègues de Chervin ne partagèrent pas complè-
tement sa manière de voir, quoique à leur départ de France,
ils fussent conlagionisles déclarés, les documents qu'ils rap-
portèrent ne purent les autoriser à prononcer que la fièvre
jaune avait été importée à Gilbrallar, ni qu'elle s'y était
propagée par la voie de la contagion : ils restèrent dans le
doute.
   La polémique que les premiers écrits de Chervin et ses
premiers succès avaient soulevée dans la presse médicale, se
renouvela ; de nombreux Mémoires virent le jour ; des atta-
ques multipliées furent portées à ce rude et infatigable athlète.
Chervin fil face à tout ; aucun article de journal ne resta sans
réponse, aucun Mémoire sans réfutation. Son activité se pro-
portionna au nombre de ses adversaires. Une argumentation
concise, une logique sévère, un respect profond pour la vérité,
une observation parfaite des convenances , le distinguèrent
dans cette longue lutte. Fidèle à l'épigraphe qui est à la lôte
de tous ses écrits : Non verbis, sed factis, ce ne fut jamais
que la preuve à la main qu'il attaqua ses contradicteurs ou
qu'il repoussa leurs agressions. Il fallut enfin reconnaître
qu'une telle persévérance ne pouvait être que le résultat d'une
profonde conviction, et que, chez cet homme si conscien-
cieux, une pareille conviction ne pouvait reposer que sur des
preuves qui, à ses yeux du moins, étaient irréfragables. Il
fallut reconnaître que, si son opinion ne dominait pas encore
dans l'Europe, elle avait pour elle l'autorité de presque tous
ceux, médecins ou administrateurs, qui avaient observé le
lléau face à face, et l'avaient étudié dens son origine, sa mar-
che et ses modes de propagation. De guerre lasse, et d'une
manière en quelque sorte tacite, la polémique s'arrêta ; on ne
donna pas à Chervin la satisfaction de déclarer qu'il avait
résolu la question ; mais, à part cela, on lui rendit juslice.
Le roi le nomma chevalier de la Légion-d'Honneur ; l'Aca-