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DE LA VILLE DE LYON. 329 nous pourtant? ni à Rheims, ni à Metz, ni à Châlon-sur- Marne ni à Troyes, nous n'avions rencontré une nef de temple catholique coupée dans le vif comme celle de Saint-Jean de Lyon. Comme harmonie fabuleuse de détail et d'ensemble, comme mâle sobriété d'ornementation, comme énergique pensée d'ordonnance générale, comme fermeté de protilation, cette nef est au-dessus de toutes celles que nous connaissons : elle a une valeur spécifique qui ne souffre pas de comparaison. La nef de N.-D. de Rheims si admirable et si admirée n'offre, en parallèle avec la nôtre, à ce point de vue de la force calme , et digne, qu'un appareil de placage et d'ornementation en cartonnage ; elle n'est point taillée dans le roc monumental avec celte vigoureuse précision et cette puissance virile. Comme nos grandes baies sont largement ouvertes, largement dessinées, largement ramifiées, comme le triangle formé à partir de l'imposte n'occupe bien justement ici que le tiers du vide, selon les règles de la plus parfaite eurythmie ; comme tout cela est austère sans ridigité, riche sans profusion et sans clinquant; quelle sublime manifestation de l'art dn XIVe siècle dans toute sa tempérance, son énergie et sa verve ! — C'est une des conditions monumentales les plus précieuses de notre sainte métropole lyonnaise, qu'excepté dans quelques régions particulières, comme par exemple à la chapelle do Bourbon, dépendance de Saint-Jean (1), elle ne représenlc même du XVe siècle que son ère véritablement noble. Nous n'avons pas de masses dont la structure corresponde à celte pé- riode d'anarchie, d'abus, de décadence et de désordre du type ogival, dont le bon goût lyonnais repoussa les modèles. On ne trouve nulle part à L y o n d ' e x e m p l e complet de Celte a r c h i t e c - t e Encore est-il juste de dire qu'il n'y a dans cet édicule qu'une tendance au mauvais goût, dont la souplesse et l'élégance des profils forment la com- pensation.