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 324         BULLETIN MONOMENTAL ET LITURGIQUE




                                I.



            EGLISE DES CORDELIERS OBSKRVANTINS.



    Elle n'est plus, cette ruine intacte et sainte qui imprimait
 au quai de Bourg-Neuf un caractère si monumental, si pit-
 toresque, si touchant. Il n'est plus ce temple dépouillé et
béant, mais d'une restauration si facile, si promptement réa-
lisable, si peu coûteuse. L'an dernier encore, nous gémissions
à l'idée officieusement et officiellement émise de le voir am-
puté d'une manière violemment brutale, de ne plus l'avoir
que sous une forme et avec des dimensions trop solennelles
pour un simple oratoire, trop écourtées pour une église , et
qu'on ne saurait de quel nom appeler ; toutefois nous nous
bercions de la consolante espérance qu'il serait, du moins, en
majeure partie conservé, et nous pouvions encore attendre, de
jours meilleurs pour la foi et pour l'art, un retour futur de ce
monument à son glorieux passé dont les jalons n'eussent pas
été détruits. — Hélas ! une fois entrés par surprise dans la
vénérable église, les démolisseurs se sont mis à la tâche avec-
une cruelle et fanatique activité : le pouvoir occulte qui les
dirigeait leur avait dit sans doute comme Scipion à ses soldats,
répétant les paroles de Calon au sénat : Delenda est Carthago,
et, au bout de quelques jours, il no restait du tant regrettable
édifice que des monceaux de poudre et de débris. Le complot
trainô dans l'ombre a éclaté à l'improviste, et la population
lyonnaise stupéfaite de voir qu'on osât si effrontément atten-
ter à ses souvenirs, à ses affections et à son culte, a été comme
frappée d'inertie, d'élourdissement et de vertige. — Aujour-
d'hui, le leurre de la prise de possession a triomphé pleine-