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                    ET DE SA RÉPARATION.                       211

une seule aurait-elle été anéantie, celle-là môme qui le cons-
titue homme !
    Si Dieu a sauvé l'homme, c'est (qu'on pardonne la sim-
plicité de l'énoncé), 1° que l'homme en valait la peine, et 2°
qu'il ne pouvait se sauver de lui-même. Si l'homme en valait
la peine, c'est qu'il lui restait quelque chose de réel : sinon
toute la liberté, sinon le vrai bien, au moins quelque chose
de l'une et de l'autre, le désir du bien; sinon la vérité, au
 moins le désir de la connaître. Par ce désir, il coopère a la
 grâce, et Dieu n'est pas obligé, comme le pensent les pan-
 théistes, de produire absolument tout en l'homme, en vertu
 d'une prédestination.
     Si l'homme ne coopère pas à sa sanctification, s'il ne
 possède pas la capacité de s'unir à la grâce, si tout com-
 merce de sa part avec Dieu lui est impossible, de quoi peut
 être coupable celui qui reste loin de Dieu, et de quoi peut
 être méritant celui qui s'en approche? Aussi, ceux qui ont
 cru que tout bien de Dieu vient en l'homme sans sa coopé-
 ration ne font-ils plus rien pour obtenir. Fidèles à la logique
  de leur première pensée, leurs différents cultes laissent peu à
  peu s'éteindre l'amour; ils abolissent insensiblement les priè-
  res et les sacrements que Dieu nous a donnés, soit pour rele-
  ver la volonté, soit pour nourrir le cœur.
      Si l'homme est amené à faire le bien sans coopération,
  l'homme ayant agi sans liberté, restera sans responsabilité,
  personne n'a à répondre de ce qu'il n'a pas fait. L'homme
  étant sans responsabilité, reste également sans mérite ni démé-
  rite. Avec toute la grâce, il ne vaut ni plus ni moins que les
   plantes et les abeilles ; comme elles, accomplissant sa loi par
   la force irrésistible. Enfin, si l'homme n'a plus de mérite, il
   n'a plus de droit à rien. Il y aurait de l'injustice dans la peine
  comme dans la récompense, dit saint Augustin, si l'homme
   n'avait pas une volonté libre.