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499 Nous n'avons pas besoin de faire observer que nulle époque n'est si exclusivement organique ou critique que ces deux mouvements de décomposition et de composition ne s'y ma- nifestent à côté l'un de l'autre ; de môme les deux méthodes coexistent dans chaque intelligence humaine et dans chaque époque historique. Cela est vrai, surtout pour les siècles de transition, tel que le nôtre ; mais comme le caractère de notre temps est d'être plus encore la fin d'une ère ancienne, que le commencement d'une ère nouvelle, il n'est pas surprenant d'y voir l'ancienne méthode régner encore sur la majorité des esprits, principalement dans les écoles et dans le monde de la science officielle. Cependant, à côté de la méthode expérimentale, si pleinement en vigueur, il nous sera facile de montrer à ceux qui refuseraient l'avenir de la philosophie à la méthode rationnelle, que les germes de la révolution qnc nous annonçons, se montrent de toutes parts; on peut faire plus, on peut avancer que tout ce que notre siècle a fait déplus grand dans la science, dans l'art, dans la politique, que ses tendan- ces les plus durables sont lerésullatdela méthode rationnelle. Voyez ce qui se passe dans la société ; est-ce dans les don- nées de l'expérience, est-ce dans les récits de l'histoire, est-ce dans l'observation des misères du présent que les peuples ont puisé la notion de ce droit idéal dont ils poursuivent la con- quête? La plupart des hommes qui ont présidé aux essais de rénovation sociale tentés jusqu'ici, enFrance, avaient été élevés à l'école du dix-huitième siècle, aucune des formes qu'ils ont voulu substituer aux anciennes n'est destinée à survivre ; ce n'est pas pour des constitutions produits de l'empirisme poli- tique, ce n'est pas pour des pouvoirs éphémères que la France a tant souffert et a tant combattu depuis cinquante ans ; c'est pour des principes, pour des idées que l'expérience ne pouvait donner, l'expérience ne fournit que des théories d'injustice et de servitude; la formule sacrée que la France a proclamé la