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479 sont les sources d'une illusion fondamentale et sans remède dont la nature humaine doit être l'éternel jouet, car ces idées ne correspondent à aucune réalité, et ne sont que des formes de la raison. Ainsi, ce que nous croyons voir dans les choses est en nous, les lois qui nous semblent lier entre eux les phénomènes de la nature sont les lois de l'esprit humain, et la nécessité où nous sommes de rapporter à un sujet unique les phénomènes de la pensée, de rapporter à un être nécessaire, à une cause première toute la série des êtres contingents, n'est qu'une discipline qui guide la raison pure dans l'investigation des phénomènes. Par de là ce monde des phénomènes qui tombe sous les lois de notre entende- ment, il y a bien un monde des réalités ou, pour parler la langue de Kant, un monde des Noumènes, mais ce monde n'est qu'un monde problématique et inconnu qui demeurera à jamais placé hors des limites de la connaissance humaine. Nous ne pouvons affirmer des choses que ce qu'elles nou? paraissent et non ce qu'elles sont en elles-mêmes, car rien n'arrive à notre connaissance sans avoir subi l'empreinte de notre faculté de connaître, nous ne connaissons que des phé- nomènes et des apparences, au de là des phénomènes tout est vide pour nous, la vérité absolue est une chimère, une vérité relative est la seule vérité à laquelle nous puissions aspirer, tel est le dernier mot, telle est la conclusion su- prême de la critique de la raison. Quelle est la nature de cette conclusion? On ne peut s'y tromper, elle est identique à la conclusion de tous les systèmes de scepticisme qui se sont produits dans l'histoire. En vain Kant et ses partisans veulent s'en défendre, en vain prétendent-ils se distinguer du scepticisme parce qu'ils admettent la certitude des repré- sentations empiriques et des lois auxquelles elles sont assujetties dans la conscience. En effet, les plus grands sceptiques, Ené- sidème, Sextus Empiricus, Hume, n'ont jamais nié l'exis-