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sont les sources d'une illusion fondamentale et sans remède
dont la nature humaine doit être l'éternel jouet, car ces
idées ne correspondent à aucune réalité, et ne sont que des
formes de la raison. Ainsi, ce que nous croyons voir dans
les choses est en nous, les lois qui nous semblent lier entre
eux les phénomènes de la nature sont les lois de l'esprit
humain, et la nécessité où nous sommes de rapporter à un
sujet unique les phénomènes de la pensée, de rapporter à
un être nécessaire, à une cause première toute la série des
êtres contingents, n'est qu'une discipline qui guide la raison
pure dans l'investigation des phénomènes. Par de là ce monde
des phénomènes qui tombe sous les lois de notre entende-
ment, il y a bien un monde des réalités ou, pour parler la
 langue de Kant, un monde des Noumènes, mais ce monde
n'est qu'un monde problématique et inconnu qui demeurera
à jamais placé hors des limites de la connaissance humaine.
Nous ne pouvons affirmer des choses que ce qu'elles nou?
paraissent et non ce qu'elles sont en elles-mêmes, car rien
n'arrive à notre connaissance sans avoir subi l'empreinte de
notre faculté de connaître, nous ne connaissons que des phé-
nomènes et des apparences, au de là des phénomènes tout
 est vide pour nous, la vérité absolue est une chimère, une
vérité relative est la seule vérité à laquelle nous puissions
 aspirer, tel est le dernier mot, telle est la conclusion su-
prême de la critique de la raison. Quelle est la nature de
 cette conclusion? On ne peut s'y tromper, elle est identique
 à la conclusion de tous les systèmes de scepticisme qui se
sont produits dans l'histoire. En vain Kant et ses partisans
 veulent s'en défendre, en vain prétendent-ils se distinguer
 du scepticisme parce qu'ils admettent la certitude des repré-
 sentations empiriques et des lois auxquelles elles sont assujetties
 dans la conscience. En effet, les plus grands sceptiques, Ené-
 sidème, Sextus Empiricus, Hume, n'ont jamais nié l'exis-