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    sent sur des bases solides et sont en possession d'importants
   et d'incontestables résultats. Cette différence de fortune, Kant
   l'attribue à la différence des méthodes. La logique, les ma-
   thématiques, la mécanique laissent de côté ce qu'il y a de
   variable, de mobile dans les objets et dans l'expérience, pour
   n'en rechercher que les lois fixes et immuables, lois qui, en
   dernière analyse, ne sont que des conceptions et des lois de
   l'esprit humain lui-môme. La métaphysique au contraire s'est
  perdue en des hypothèses sans fin sur Pieu, sur l'homme et
  sur le monde ; elle a envisagé les objets de la connaissance
  qui sont variables et multiples à l'infini, et non le sujet de
  la connaissance qui est un et identique, fixe et immuable
  dans ses formes et dans ses lois. Avant d'élever un édifice,
  il faut s'enquérir de ses fondements. On a fait le contraire
 jusqu'à présent en philosophie, on a élevé d'abord l'édifice,
 puis on s'est enquis des fondements, de là ces hypothèses,
 ces incertitudes, ces contradictions dans lesquelles la science
 se perd et se discrédite. La portée de la métaphysique dé-
 pend évidemment de la portée du sujet qui connaît, il faut
 donc avant tout s'assurer de cette portée. Toute connaissance
 est au fond un jugement et il y a trois grandes classes de
jugements : les jugements analytiques dans lesquels l'attribut
 est déduit du sujet par voie d'analyse, et, qui n'ajoutent
rien à la connaissance ; les jugements synthétiques a pos-
 teriori dans lesquels l'attribut est uni au sujet en vertu d'une
 expérience, et les jugements synthétiques a priori dans les-
quels l'attribut est uni au sujet, non plus en vertu d'une
expérience, mais en vertu d'un rapport primitif et nécessaire.
Les jugements synthétiques a priori sont donc les seuls qui
dépassent ou du moins qui ont la prétention de dépasser
les bornes de l'expérience, et l'objet de la métaphysique
étant placé en dehors de l'expérience, il en résulte que la
métaphysique tout entière a pour fondement des jugements.