Revue du Lyonnais » série 1 - n°15 ( 1842 ) » pp.444

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 Abattent sans pitié sur le bord de nos voies
 Nos projets, nos amours, toutes nos frêles joies.


Et tout rêveur ainsi de ma main doucement
Je délivre la mouche et je la lâche au vent.




            À UN RÊVEUR.

Le réel est un marbre informe, dit Schiller,
Que Dieu livre, et chacun le sculpte à sa manière ;
L'homme donc doit s'armer de son ciseau de fer
Et non rêver sans fin devant le bloc de pierre.


Ce n'est pas tout de dire en frappant son cerveau :
Le type de mon oeuvre est trouvé; ma statue,
Fiancée endormie et de marbre vêtue,
Repose en ce rocher comme dans son berceau.


Ce n'est même pas tout d'avoir assez de flamme
Dans le cœur, pour donner à Galathée une ame,
Comme on l'a raconté du grec Pygmalion ;
11 faut de plus le bras, le fer et l'action.


Il faut faire saillir des muscles pleins de force,
Suer, fouiller au fond du marbre jour et nuit ;
Quelque chose gît là. — La pierre est une écorce,
Brisez cette enveloppe et vous aurez le fruit.
                                         DANIEL.