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•524 et par leurs violences; enfin, devant leurs châteaux crénelés,, comme devant les citadelles des pachas, s'élevait cet argu- ment fatal, inévitable auxiliaire des tyrannies, Péchafaud. Toutefois, si l'on approfondit cette comparaison de l'état social des temps féodaux avec l'état social de la Turquie c o n - temporaine, on est conduit à reconnaître qu'il existe, entre les faits appartenant à chacune de ces deux époques, des diffé- rences graves qui doivent produire des événements tout-à -fait dissemblables. Le pouvoir féodal reposait, il est vrai, comme la puissance turque, sur l'emploi de la force brutale ; mais, sauf la déli- mitation tracée par la hiérarchie sociale, la population était homogène, le fanatisme religieux ne s'élevait pas comme une infranchissable barrière entre les oppresseurs et les oppri- més. Puis d'ailleurs l'heureuse influence des lois civiles, et surtout des lois religieuses, avait forcé le pouvoir féodal à observer une certaine réserve, bien éloignée sans doute des sévères prescriptions de la vertu , mais bien éloignée aussi des funestes excès autorisés ou tolérés par les lois turques. Ainsi dans la féodalité, contrairement à ce qui existe mainte- nant dans la Turquie d'Europe, les races étaient prédisposées à une intime union : elles avaient les mômes croyances reli- gieuses, les mêmes mœurs, les mêmes usages, elles étaient également fortes, et la tyrannie était tempérée par les douces influences de l'esprit de famille. Des circonstances toutes s p é - ciales, et qui ne sauraient se reproduire de nos jours, vinrent heureusement en aide à ces dispositions favorables. La cheva- lerie, les croisades, l'accroissement successif du pouvoir royal, l'émancipation des communes, la diffusion des connaissances et de l'instruction, enfin la marche incessante du progrès, p r é - parèrent une fusion qui s'accomplit peu à peu, affaiblissant et abaissant les oppresseurs, fortifiant et élevant les opprimés, jusqu'à ce qu'enfin l'explosion de la grande révolution de 89, renversant le vieil édifice féodal, rétablit le niveau et pro- clama l'impérissable principe de la souveraineté du peuple.