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et par leurs violences; enfin, devant leurs châteaux crénelés,,
comme devant les citadelles des pachas, s'élevait cet argu-
ment fatal, inévitable auxiliaire des tyrannies, Péchafaud.
    Toutefois, si l'on approfondit cette comparaison de l'état
social des temps féodaux avec l'état social de la Turquie c o n -
temporaine, on est conduit à reconnaître qu'il existe, entre les
faits appartenant à chacune de ces deux époques, des diffé-
rences graves qui doivent produire des événements tout-à-fait
dissemblables.
    Le pouvoir féodal reposait, il est vrai, comme la puissance
turque, sur l'emploi de la force brutale ; mais, sauf la déli-
mitation tracée par la hiérarchie sociale, la population était
homogène, le fanatisme religieux ne s'élevait pas comme une
infranchissable barrière entre les oppresseurs et les oppri-
més. Puis d'ailleurs l'heureuse influence des lois civiles, et
surtout des lois religieuses, avait forcé le pouvoir féodal à
observer une certaine réserve, bien éloignée sans doute des
sévères prescriptions de la vertu , mais bien éloignée aussi
 des funestes excès autorisés ou tolérés par les lois turques.
 Ainsi dans la féodalité, contrairement à ce qui existe mainte-
 nant dans la Turquie d'Europe, les races étaient prédisposées
 à une intime union : elles avaient les mômes croyances reli-
 gieuses, les mêmes mœurs, les mêmes usages, elles étaient
 également fortes, et la tyrannie était tempérée par les douces
 influences de l'esprit de famille. Des circonstances toutes s p é -
 ciales, et qui ne sauraient se reproduire de nos jours, vinrent
 heureusement en aide à ces dispositions favorables. La cheva-
 lerie, les croisades, l'accroissement successif du pouvoir royal,
 l'émancipation des communes, la diffusion des connaissances
 et de l'instruction, enfin la marche incessante du progrès, p r é -
 parèrent une fusion qui s'accomplit peu à peu, affaiblissant et
  abaissant les oppresseurs, fortifiant et élevant les opprimés,
 jusqu'à ce qu'enfin l'explosion de la grande révolution de 89,
  renversant le vieil édifice féodal, rétablit le niveau et pro-
  clama l'impérissable principe de la souveraineté du peuple.