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 nous paraissent pas si éloignés de notre âge qu'ils le sont eu
 effet. A côté de cette allure franche et correcte, de cette diction
pure et symétrique, n'allez pas chercher les éclairs éblouis-
 sants du génie, la fougue impétueuse de l'inspiration lyrique.
Il n'est pas besoin de rappeler ici que, dans les odes de Mal-
herbe, consacrées par la postérité et offertes depuis longtemps
à l'admiration de tout le monde, il n'y a que deux ou trois
strophes qui soient vraiment belles et exemptes de tache. Les
pensées froides et triviales abondent dans son ode à Henri IV,
sur l'heureux succès du voyage de Sedan, et se trouvent encla-
vées dans des strophes disposées avec beaucoup d'art. Malgré
le purisme sévère de l'auteur, quelque mauvais goût apparaît
dans l'ode : Que direz-vous, races futures ? Mais bien d'autres
défauts sont rachetés par des beautés nombreuses, dans celle
que commence cette strophe animée :

       Donc un nouveau labeur à tes armes s'apprête !
       Prends ta foudre, Louis, et va, comme un lion,
       Donner le dernier coup à la dernière tête
                      Delà rébellion.

   Ainsi, la forme de l'ode reconstruite sur une base plus solide,
élevée sur un piédestal plus majestueux, tels sont les titres de
Malherbe aux hommages de la postérité. Cependant il y a plus
encore.
   Sans doute, une de ses odes les moins imparfaites est cette
courte paraphrase du psaume CXLV : N'espérons plus, mon
ame, aux promesses du monde ; et la religion a ici bien inspiré
le poète. Mais, outre ce caractère religieux, la poésie lyrique re-
vêt, à partir de celte époque, un caractère nouveau et très remar-
quable. Voyez quels sont les sujets sur lesquels s'exerce le plus
souvent la muse de Malherbe: Ode au roi Henri-le-Grand
sur l'heureux succès du voyage de Sedan ; Prière pour le roi
Henri-le-Grand allant en Limosin ; Ode sur un attentat