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388 nous paraissent pas si éloignés de notre âge qu'ils le sont eu effet. A côté de cette allure franche et correcte, de cette diction pure et symétrique, n'allez pas chercher les éclairs éblouis- sants du génie, la fougue impétueuse de l'inspiration lyrique. Il n'est pas besoin de rappeler ici que, dans les odes de Mal- herbe, consacrées par la postérité et offertes depuis longtemps à l'admiration de tout le monde, il n'y a que deux ou trois strophes qui soient vraiment belles et exemptes de tache. Les pensées froides et triviales abondent dans son ode à Henri IV, sur l'heureux succès du voyage de Sedan, et se trouvent encla- vées dans des strophes disposées avec beaucoup d'art. Malgré le purisme sévère de l'auteur, quelque mauvais goût apparaît dans l'ode : Que direz-vous, races futures ? Mais bien d'autres défauts sont rachetés par des beautés nombreuses, dans celle que commence cette strophe animée : Donc un nouveau labeur à tes armes s'apprête ! Prends ta foudre, Louis, et va, comme un lion, Donner le dernier coup à la dernière tête Delà rébellion. Ainsi, la forme de l'ode reconstruite sur une base plus solide, élevée sur un piédestal plus majestueux, tels sont les titres de Malherbe aux hommages de la postérité. Cependant il y a plus encore. Sans doute, une de ses odes les moins imparfaites est cette courte paraphrase du psaume CXLV : N'espérons plus, mon ame, aux promesses du monde ; et la religion a ici bien inspiré le poète. Mais, outre ce caractère religieux, la poésie lyrique re- vêt, à partir de celte époque, un caractère nouveau et très remar- quable. Voyez quels sont les sujets sur lesquels s'exerce le plus souvent la muse de Malherbe: Ode au roi Henri-le-Grand sur l'heureux succès du voyage de Sedan ; Prière pour le roi Henri-le-Grand allant en Limosin ; Ode sur un attentat