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381 Archipiada, ne Thaïs, Qui fut sa cousine germaine ? Echo, parlant quand bruyton maine Dessus rivière, ou sus estan, Qui beaulté eut trop plus que humaine ?... Mais où sont les neiges d'antan (1) ? La royne blanche comme ung lys Qui chantoit à voix de sereine, Berthe au grand pied, Biétris, Allys, Harembouges qui tint le May ne, Et Jehanne la bonne Lorraine Que Angloys bruslèrent à Rouen ? Où sont-ils, vierge souveraine ?... Mais où sont les neiges d'antan ? Si donc notre poésie, au XY e siècle, fut loin d'être lyrique dans le sens véritable du mot, si son caractère principal fut la gaîté et la franchise railleuse, insouciante, elle eut aussi, on ne saurait le méconnaître, quelques accents de passion élégiaque et tendre, qui partent du cœur et qui témoignent d'une inspi- ration naturelle et vraie. II. Celte inspiration dégénère chez les premiers poètes du XVIe siècle; leur poésie n'est plus que de la versification gra- cieuse, polie, élégante. A peine si, dans les élégies de Clément Marot, on rencontre quelque délicatesse de sentiments, quelque sensibilité naïve. Mais l'esprit est bientôt fatigué de ces ma- nières de bon ton, de ces fades images si voisines de l'afféterie italienne ; ni le cœur ni l'ame n'en sont émus. Marot, cepen- (i) De l'année passée, anle annum.