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             Archipiada, ne Thaïs,
             Qui fut sa cousine germaine ?
             Echo, parlant quand bruyton maine
             Dessus rivière, ou sus estan,
             Qui beaulté eut trop plus que humaine ?...
             Mais où sont les neiges d'antan (1) ?

                La royne blanche comme ung lys
              Qui chantoit à voix de sereine,
              Berthe au grand pied, Biétris, Allys,
              Harembouges qui tint le May ne,
              Et Jehanne la bonne Lorraine
              Que Angloys bruslèrent à Rouen ?
              Où sont-ils, vierge souveraine ?...
              Mais où sont les neiges d'antan ?

   Si donc notre poésie, au XY e siècle, fut loin d'être lyrique
dans le sens véritable du mot, si son caractère principal fut la
gaîté et la franchise railleuse, insouciante, elle eut aussi, on ne
saurait le méconnaître, quelques accents de passion élégiaque
et tendre, qui partent du cœur et qui témoignent d'une inspi-
ration naturelle et vraie.


                                       II.

   Celte inspiration dégénère chez les premiers poètes du XVIe
siècle; leur poésie n'est plus que de la versification gra-
cieuse, polie, élégante. A peine si, dans les élégies de Clément
Marot, on rencontre quelque délicatesse de sentiments, quelque
sensibilité naïve. Mais l'esprit est bientôt fatigué de ces ma-
nières de bon ton, de ces fades images si voisines de l'afféterie
italienne ; ni le cœur ni l'ame n'en sont émus. Marot, cepen-

  (i) De l'année passée, anle annum.