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 nouveau inonde matériel livré à l'homme est pour lui l'emblème assuré
 d'un nouveau monde civil. Je vois le temple matériel s'agrandir en même
 temps que la révélation de Dieu. Le livre de la création se déroule;
 une révélation nouvelle est enfermée sous cette figure nouvelle du
 monde; et pour la manifester, le genre humain s'apprête à s'emparer
 de ce continent, jusqu'à ce jour possession tranquille et muette de
 l'Océan, à y découronner la nature, à s'élever par son art, son in-
 dustrie, ses pensées, jusqu'à ce trône de la solitude qu'elle seule oc-
 cupait avant lui. »
    Dans ces deux premiers livres qui sont comme l'argument lyrique
d'une grande épopée religieuse, M. Quinet nous fait assister à l'en-
 fantement des dogmes, et nous fait suivre la filiation et la'marche des
 races primitives qui conservent à travers leurs migrations la physio-
nomie de leur Dieu.
    L'homme n'est pas né, comme l'a pensé le dix-huitième siècle, dans
 une condition profondément abjecte d'où il se serait élevé par degrés
à quelques ébauches d'art et d'industrie, marchant de siècle en siè-
cle par une voie de déductions pénibles dans l'invention des arts né-
cessaires à la vie. La société a commencé par l'imagination et la foi
et non par le raisonnement, par des prophètes et non par des géo-
mètres. Le monde civil ne date pas de l'invention de la hache de
pierre et de la flèche ; « l'idée de Dieu révélée par l'organe de l'uni-
vers ; telle est la base que partout l'histoire profane et sacrée, la
tradition, les monuments assignent à l'édifice de la société civile. »
    Au commencement, la tradition confirmée par la science place
trois races d'hommes ; l'antagonisme et le mélange des familles di-
verses sorties de ces trois souches primitives, sont les sources du
mouvement et de'la vie, de l'histoire religieuse et civile. L'écrivain
nous fait assister aux principales variations des religions antiques
jusqu'au Christianisme, qu'il formule ainsi d'après l'ordre des temps.
    « Premièrement, apothéose de la nature , c'est le paganisme d'O-
rient; secondement, apothéose de l'humanité, c'est le paganisme de
la Grèce ; troisièmement, apothéose de la cité, c'est le paganisme de
Rome ; quatrièmement, apothéose de la philosophie, c'est le paga-
nisme d'Alexandrie. »
    Après cela les intelligences étaient à bout, « il fallait ou mourir