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que par cette raison seule, l'archevêque de Lyon, Pierre d'E-
pinac, eût adopté le parti de la Ligue, qui représentait surtout,
nous l'avons dit, les intérêts catholiques gravement compromis
par l'hésitation et l'impuissance du pouvoir. Les Mémoires du
bibliothécaire Thomas sont curieux à consulter sur la vie du
prélat, et renferment une mince particularité qui n'a pas été
rapprochée de sa conduite postérieure. Ce que je veux dire,
c'est que, dans sa vingt sixième année il fut envoyé à la cour
par son chapitre, avec Marc de Pressac, pour s'opposer, en
son nom, à la publication du Concile de Trente; et que, onze
ans plus lard, en 1577, dans sa fameuse Harengue des états de
Blois, il réclamait, de Henri III, la publication du même Con-
cile. Nos histoires de France, un peu d'après la Satyre Ménip-
pée, qui n'est pas une autorité des plus respectables, ont trop
rabaissé l'archevêque de Lyon. Son discours me semble méri-
l e r p l u s d e justice qu'on ne lui en a rendu. Thomas, l'auteur
des Mémoires sur la Ligue, rapporte que « l'on n'avait encore
rien vu de si éloquent, et le roi même, qui était naturellement
doué du talent de la parole, charmé de la beauté et de la force
de ce discours, en parut ému, et, après lui avoir donné les
louanges qu'il méritait, il ne tarda pas de lui en témoigner sa
satisfaction, l'ayant gratifié incontinent, après dîné, d'une
charge de conseiller d'état ordinaire. Le duc de Guise, en par-
ticulier, ressentit une joie si vive du succès qu' avait eu cette
harangue, que n'étant pas maître de son transport^ il alla em-
brasser le prélat au milieu de celte auguste assemblée. En
effet, cet ouvrage ayant été, depuis, donné au public, a été jugé
un des plus excellents morceaux d'éloquence qui aient paru
 en ce genre (1). »
   La Harengue (sic) prononcée devant le roy, séant en ses étatz
généraux à Bloys, par révérend père en Dieu, messire Pierre
d'Epinac, archevesque, comte de Lyon, primat des Gaules, au
nom de l'Estai ecclésiastique de France, fui imprimée à Lyon,


  (t) Revue du Lyonnais, lom. II. pag. 24.