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309 été le sujet de beaucoup de livres , où l'ignorance n'est pas le moindre vice; on a transporté au siècle des Réformés et des Ligueurs ce que l'on pouvait avoir en soi de préjugés haineux, de rancunes religieuses et d'antipathies politiques. On a fière- ment arboré sur ce terrain le drapeau sous lequel on avait des idées à convoquer et à faire prévaloir. Il est au nombre de ces trois rois si malheureux, François II, Charles IX, Henri III, un jeune prince qui me paraît bien à plaindre, parce que la haine s'est amassée contre lui surtout, et que iefiel de la calomnie a singulièrement noirci celte dou- loureuse carrière de vingt-quatre ans. Ce fut à cet âge-là que mourut Charles IX, consumé de tristesse et d'ennui, tué par les clameurs des factions qui se débattaientautourde lui, et qui, chacune, tiraient à elles un lambeau du manteau royal. Quand m ê m e on met en avant la Saint-Barlhélemy, atroce bouche- rie, sur laquelle l'histoire n'a pas encore jeté nue lumière par- faite, je ne saurais croire à toute la cruauté que des écrivains peu réfléchis et peu impartiaux supposent dans une tête de vingt-quatre ans. Peut-on bien être déjà un monstre à un âge où l'âme est si généreuse, et où le cœur n'a pas encore eu le temps de se cuirasser contre les sentiments et les cris de la nature et de la foi ? D'ailleurs, n'a-l-il pas été dit à satiété par nos docteurs de tout calibre, que ce cruel Charles IX avait ar- quebuse son pauvre peuple à travers une croisée du Louvre, laquelle, notez-le bien, n'existait pas alors? L'auteur du poème a grandement raison de dire de ce prince que « cette terre lui fut ennemie, qu'elle fut pour lui une cruelle m a r â - tre. » Pour prouver que Charles IX n'a point participé à cel odieux guet-apens, on peut invoquer une lettre récemment mise en vente, et adressée par ce prince à son cousin le duc de Longueville, gouverneur de la Picardie ; il y annonce le m e u r - tre de Coligny et le massacre de plusieurs autres personnes : « ce qui, dit-il, a esté mené avec une telle furie qu'il n'a esté possible d'y apporter le remède tel que l'on eût pu le désirer,