Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                                295
 de ce lieu plus de vingt têtes couronnées ont su le chemin;
 toutes en sont revenues absoutes, tranquilles et plus miséri-
 cordieuses.
     D'après les légendaires, c'est la Vierge Marie elle-même
 qui, vers l'an 570, indiqua à une sainte religieuse de la très
 illustre famille de Polignac, le lieu où devait être élevé la ba-
 silique votive.
    « Allez-vous-en, lui dit la Vierge, avec une extrême dou-
 ceur, allez-vous-en à votre pasteur, et dites lui de ma part
 que pour l'obligeance et secours des pauvres pêcheurs languis-
 sants il me fasse bâtir une église dans laquelle il transportera
 le siège épiscopal du Velay. »
    Ce qui fut dit fut fait ; et la Vierge elle-même consolait peu
 à peu les ouvriers, et les animait à la conduite et perfection de
 ce beau temple.
    La cathédrale de Dordrecht, selon la tradition, fut à
peu près construite de môme, c'est-à-dire que les travail-
leurs étaient encouragés par la présence d'une bonne sainte.
    Sainte Sûre, native de Dordrecht, à l'exemple de la reli-
gieuse dont nous avons parlé, eut une vision. La Vierge
Marie la chargea, elle aussi, de bâtir une belle église. La bonne
sainte, comme toutes les meilleures saintes, avait fait vœu de
 pauvreté. Il s'en fallait donc que sainte Sure fut en état de
fournir à de telles dépenses. Quatre petites pièces de plomb
dans un humble sachet de cuir, c'était tout ce qu'elle possé-
dait, encore était-ce là la réserve des pauvres ; et là il n'y
avait tout au plus que le prix de deux cailloux. Cependant la
sainte se mit à l'œuvre, pensant bien que le ciel lui fournirait
son nécessaire et le pain quotidien des ouvriers. La voilà donc
qui assemble un bon nombre d'hommes de son pays, mais, à la
fin de chaque journée, quant arrive l'heure du salaire, à me-
sure qu'un ouvrier lui tend la main pour recevoir le prix de
son travail, la pauvre sainte éprouve le frisson de sa dette.