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 intrépide logicien du sensualisme, par Th. Hobbes. » Voici nies
 doutes sur la légitimité de ces reproches, je les soumets sans pré
 tention au jugement de M. Bouillier et de tous ceux qui ont écrit
 dans son sens.
    Je commencerai par avouer que les expressions de sensualisme et
 de spiritualisme ne me semblent, pas indiquer une différence aussi
 fondamentale qu'on voudrait le faire croire dans le point de déparî
des investigations philosophiques, car c'est là ta seul moiif sérieux qui
 a pu produire ces deux dénominations. En effet, suivant Descaries,
 les idées existent passivement dans Famé et ne nous apparaissent que
 par l'excitation du langage ou des sens. Suivant Locke et ses disci-
 ples, toutes nos idées viennent des sens. Ces deux opinions ne se ré-
 duisent-elles pas ainsi à demander si les sens sont la cause ou bien
 l'occasion de nos idées ; et n'est-ce pas là une dissidence plutôt ver-
 bale que réelle ?
    Schellinglui-môme me fournira ma seconde réponse, quand il dit.
 que tout esprit philosophique ne doit pas attaquer une philosophie
 dans ses derniers résultats, mais la juger dans ses premiers princi-
 pes. Car rien n'est plus facile que de se méprendre sur les consé-
quences que l'on attribue à certains principes ; c'est ce que je me
 propose de prouver par divers exemple. Et d'abord l'expression
 malencontreuse de sensualisme ne préjuge-t-elle pas sous quel-
ques rapports précisément ce qui est en question ? « Ce mot, sui-
 vant la remarque judicieuse de Thurot, ce mot qui n'est nullement
français a de' plus l'inconvénient de ne pas exprimer ce qu'appa-
ramment on a voulu lui faire signifier, c'est-à-dire une théorie fon-
dée exclusivement sur le phénomène de la sensation. Cependant
les femmes|et les gens du monde, étrangers à ces sortes de spécu-
lations, jugeant de la signification de ce terme par son analogie avec
les mots sensuel et sensualité, s'imagineront sans doute que les au-
teurs qu'on appelle sensualistes ont composé des ouvrages obscènes
ou licencieux, ou au^moins des traités de gastronomie. Or, c'est un
tort véritable que de donner lieu à de pareilles méprises. » Les
saines notions de l'histoire do la philosophie sont encore trop peu
répandues pour que la valeur des mots techniques propres à celle
science soient clairement entendus de tous. A l'appui de cette ré-