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est insoluble; car si vous retranchez la conscience comme empiri-
que, avec la pluralité phénoménale et empirique vous échappe le
sujet pensant, réellement existant à titre de personne ; il ne vous
reste plus qu'un sujet logique, une substance pure, que vous n'avez
pas le droit d'appeler moi, qui est même le contraire de moi, car le
moi est ce qu'il y a de plus déterminé, et une substance pure est l'in-
détermination même. 3» Savez-vous à quel prix vous avez obtenu
une telle substance ? d'abord au prix de la destruction de toute réa-
lité, de la réalité primitive de la conscience, par une vaine peur de
l'empirisme ; ensuite au prix de la contradiction la plus monstrueuse,
que l'obscurité à moitié naturelle, à moitié calculée du langage
le plus embrouillé ne peut masquer à des yeux attentifs, à savoir la
supposition que le je pense n'est pas donné par la conscience, que
c'est un principe pur de tout empirisme, ayant un caractère général,
transcendental. Quoi ! je pense, le cogito n'est pas donné par la
conscience ! Ouoi ! je pense n'enferme rien de particulier, de sorte
que le j'existe qu'il implique n'enfermera rien non plus de particu-
lier ! Mais indépendamment du cri de la conscience, la grammaire
ne montre-t-elle pas le je renfermé et dans la prémisse et dans la
conclusion, si conclusion il y a? Tout à l'heure, parce que le je pense
tombe dans la conscience, vous l'accusiez de ne donner qu'un moi
phénoménal, ouvrant ainsi la route à Fichte ; maintenant vous faites
pis ; pour ne pas faire du je un phénomène, vous en faites quoi?
beaucoup moins que Yhcecceité de Duns Scott qui renfermait l'indivi-
dualité : vous en faites la quiddité indéterminée de la plus mauvaise
seholastique ; vous en faites une contradiction flagrante, c'est-à-
dire un je indéterminé, un je-x. Et tout cela, comme vous le dites
naïvement, pour ne pas mettre en péril toute votre critique, pour
éviter le danger extrême d'obtenir par la raison et par l'expérience
un moi réel, identique et un, simple et spirituel, c'est-à-dire la
croyance universelle du genre humain. Mais vous n'avez pas détruit
cette croyance, vous vous êtes brisé contre elle. Cette expérience
que vous accusez, qu'il est de mode d'accuser en Allemagne, cette
expérience unie à la raison, l'éveillant sans la constituer rétablit sur
le théâtre de la conscience les vérités éternelles ébranlées par une
philosophie critique infidèle à ses principes, et qui pour arriver Ã