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170 reçu ou du moins conservé les traces de ce poli. Souvent les parties saillantes montrent seules çà et là une surface lisse. Des veines de quartz, larges d'un centimètre environ, sont relevées en saillie de deux à quatre millimètres ; toutes les autres parties de la même roche ont un aspect grenu, ou une surface raboteuse ; elles ont été rongées par les variations journalières de la température, le gel et le dégel, les pluies fréquentes, etc, et le quartz ou le feldspathont seuls conservé le poli que leur imprima le glacier. Quelques blocs détachés, situés sur le passage des glaciers modernes, présentent aussi des parties polies et môme striées. Les surfaces sont, en général, moins planes que celles des roches encore adhérentes au massif des montagnes. Au niveau des eaux de l'Aar, les roches sont polies par leur courant : mais à quinze ou vingt mètres au-dessus des eaux modernes, on commence à trouver celles qui ont été po- lies par l'action des glaciers. Au voisinage du Grimsel et au-dessus, cette zone s'élève à deux ou trois cents mètres; l'observateur placé sur un flanc de la vallée distingue très- bien l'étendue de la zone des roches polies sur le flanc op- posé. Au-dessus de celle zone, existent les crêtes rugueuses et terminales des montagnes qui bordent la vallée profonde de l'Aar. Avec un peu d'attention, il est aisé de distinguer dans cette vallée quelle parlie de roches est polie par l'action des eaux modernes, des eaux anciennes, et quelle partie a été travaillée par les glaciers jusqu'à une élévation très considérable. N'ayant en aucun instrument à ma disposition pour mesurer celte hau- teur, l'évaluation que j'en donne est plutôt trop faible que trop forte. En effet, en escaladant le Siedelhorn du côté du levant, j'ai trouvé des granités polis à soixante et môme à cent vingt mètres au moins au-dessus du niveau du lac des Morts (Tod-