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130 instinct fatidique de la poésie, traduire dans ses vers comme un écho prématuré des espérances du monde. Après la vie ou l'épreuve, le ciel ou l'Olympe est conquis. 11 restait à l'auteur de Psyché, partie la plus difficile de sa tâche, à exprimer l'union del'ame humaine et de l'infini dans l'Olympe. Comment rendre sensible dans le symbole cet hymen si mystérieux pour lequel nous avons été créés dès le commen- cement, mais dont la conception échappe à notre intelligence et que notre ame pressent dans ses vagues inquiétudes et ses douleurs sans cause, xiussi des trois livres de Psyché, celui-là est peut-être le plus beau et révèle une puissance merveilleuse d'unir dans un hymen fécond la poésie et la phi- losophie. Le poète aurait pu être tenté de dénouer dans le ciel catholique le drame commencé dans la mythologie payenne. M. Quinet, dans son PrométJiée, a fait descendre des anges du Christ pour briser les fers de Prométhée enchaîné sur le Caucase par les ordres de Jupiter. Nous croyons que l'auteur de Psyché a bien fait de ne pas imiter cette audacieuse con- ception de l'auteur d'Ahasvérus. M. de Laprade, écrivant une fable antique, est resté dans les limites du dogme mytho- logique ; il n'a pas voulu briser la tradition hellénique. Son poème conserve ainsi une majestueuse unité ; le drame poétique est complet. Psyché, séparée d'Eros, retrouve Eros dans l'Olympe. Comme on le sait, l'Olympe antique n'était pas très élevé dans les nuages. Nous sommes sur une montagne, dan? l'assemblée des dieux ; le poète seulement a jeté une teinte spiritualiste sur cet Olympe payen ; Eros vient supplier Jupi- ter de mettre un terme à l'exil et à l'épreuve de Psyché ; le Dieu, au moment de la faute de l'épouse, avait laissé tomber de ses yeux la première larme. Il pleure de nouveau quoique Dieu : il expie lui-même la faute de celle qu'il aime et à qui il a réservé les douceurs de son lit nuptial.