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instinct fatidique de la poésie, traduire dans ses vers comme
un écho prématuré des espérances du monde.
    Après la vie ou l'épreuve, le ciel ou l'Olympe est conquis.
11 restait à l'auteur de Psyché, partie la plus difficile de sa
tâche, à exprimer l'union del'ame humaine et de l'infini dans
l'Olympe. Comment rendre sensible dans le symbole cet hymen
si mystérieux pour lequel nous avons été créés dès le commen-
cement, mais dont la conception échappe à notre intelligence
et que notre ame pressent dans ses vagues inquiétudes et
ses douleurs sans cause, xiussi des trois livres de Psyché,
celui-là est peut-être le plus beau et révèle une puissance
merveilleuse d'unir dans un hymen fécond la poésie et la phi-
losophie. Le poète aurait pu être tenté de dénouer dans le ciel
catholique le drame commencé dans la mythologie payenne.
M. Quinet, dans son PrométJiée, a fait descendre des anges du
Christ pour briser les fers de Prométhée enchaîné sur le
Caucase par les ordres de Jupiter. Nous croyons que l'auteur
de Psyché a bien fait de ne pas imiter cette audacieuse con-
ception de l'auteur d'Ahasvérus. M. de Laprade, écrivant
une fable antique, est resté dans les limites du dogme mytho-
logique ; il n'a pas voulu briser la tradition hellénique.
Son poème conserve ainsi une majestueuse unité ; le drame
poétique est complet. Psyché, séparée d'Eros, retrouve Eros
dans l'Olympe.
   Comme on le sait, l'Olympe antique n'était pas très élevé
dans les nuages. Nous sommes sur une montagne, dan?
l'assemblée des dieux ; le poète seulement a jeté une teinte
spiritualiste sur cet Olympe payen ; Eros vient supplier Jupi-
ter de mettre un terme à l'exil et à l'épreuve de Psyché ; le
Dieu, au moment de la faute de l'épouse, avait laissé tomber
de ses yeux la première larme. Il pleure de nouveau quoique
Dieu : il expie lui-même la faute de celle qu'il aime et à
qui il a réservé les douceurs de son lit nuptial.