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128 sens le double monde terrestre et idéal. — Grandeur des tris- tesses divines,—l'attente de l'infini recherché à travers tant de travaux et de soupirs, fait battre fortement la poitrine de Psyché. Présage du ciel et de l'Olympe. — Dialogue suprême de Psyché avec tous les êtres ; la nature elle-même déchue avec l'humanité sent sa réhabilitation prochaine ; elle n'est plus esclave, elle parle, elle rêve, elle attend. Les lions vont atteindre la chasse inconnue qu'ils poursuivent depuis si long- temps sur la montagne. Le sphinx va révéler l'énigme qu'il garde au désert depuis le commencement sur ses lèvres fer- mées. L'Océan palpite, et les cèdres tressaillent. Psyché, dans un élan d'amour surhumain, expire en appe- lant Eros. Le cercle de l'épreuve est achevé; l'expiation consommée. Voilà l'ensemble du 2e livre du poème, el quelques-unes des idées qui y sont renfermées. Ainsi se complète ce grand cycle de la vie terrestre, où chaque épreuve précède une ini- tiation, et où chaque épreuve paraît être imposée sous forme d'expiation. Nous venons d'assister au développement historique de la vie soumise à la nature, l'humanité en est devenue reine ; elle a conquis par sa propre puissance l'intégralité de son être ; elle a achevé de construire le temple de la terre au Dieu de l'uni- vers ; elle l'a façonnée, et empreint de sa forme. Créé à l'image de Dieti, l'homme à son toura fait la terre à son image. Partie des solitudes de l'Orient, Psyché, après avoir campé au milieu des tribus sanguinaires et servi les captifs de Babel, est enfouie dans les divins sépulcres des labyrinthes d'Egypte ; initiée pour la première fois aux plus terribles traditions reli- gieuses, elle parcourt dans la Grèce les trois âges, mythique, héroïque et philosophique, et arrive enfin au dernier terme de la progression descendante qui conduit aux portes de l'in- fini.