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lis COrporè à la substance même de la pensée dont il emprunte soft éclat et son mouvement, en môme temps qu'il lui prête le con*- tour précis qui la détermine. Le symbole appartient non pas à un individu, mais à une tradition ; chaque religion, chaque civili- sation a ses symboles profondément caractérisés par les influa ences de mœurs et de climat, le génie particulier des peuples, et l'action des circonstances diverses au sein desquelles ils ont pris racine et se sont développés. Les symboles ont cela de remarquable que n'appartenant pas à un individu mais à un peuple, qu'étant le fruit non d'une pen- sée personnelle mais d'une pensée collective, ils sont quelquefois compris à peine par ceux qui les acceptent. Les générations sui- vantes, placées à un degré supérieur de la raison, en saisissent beaucoup mieux le sens mystique. Comme une mine inépuisa- ble, le symbole s'entrouvre déplus en plus, et la pensée, après y avoir fouillé, découvre toujours de nouvelles profondeurs. L'hom- me placé en quelque sorte à l'intersection du monde visible et du monde invisible, ne peut saisir in tégralement la vérité dans sa nu- dité abstraite; sous le scalpel de l'analyse, on dirait que la partie la plus subtile et la plus éthérée du vrai échappe à sa compréhen- sion ; alors il préfère la chercher intuitivement dans sa forme concrète, à travers les beautés de l'univers; il construit à son insu, obéissant aux instincts divins qui régissent sa nature, des fables et des mythes obscurs, sans avoir une conscience entière de l'idée qui a présidé à leur invention et à leur ordonnance. On croirait que les traditions, en fondant leurs symboles, bâtissent des temples mystérieux, sans connaître parfaite- ment quel dieu les remplira de sa majesté secrète. L'on peut dire que l'autel de la tradition, élevé lentement, est toujours dédié, comme l'autel athénien, à quelque dieu in- connu, dont la face voilée, même aux architectes sacrés qui placèrent la première pierre, ne se révèle pleinement qu'aux générations qui achèveront le temple.