Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                                  107
 vent citées et avec raison, parce qu'elles sont le résumé de*
 cette froide et prévoyante politique dont je parlais en dernier
 lieu : « Je n'ose rien entreprendre sans y avoir bien pensé*
 « Mais quand une fois j'ai pris mon parti, je vais droit à mon
 « but; je renverse tout, je fauche tout, et je couvre tout de
 « ma robe rouge. » Que le cardinal eut à couvrir ainsi de sa
 robe rouge bien des traces de sang, on ne peut songer à le nier;
 mais, à ce sujet, ne serait-on pas tenté de dire avec un député
 de l'Assemblée Constituante à la nouvelle des premiers massa-
 cres qui suivirent la prise de la Bastille : « Le sang qui a coulé
 était-il donc si pur? » Richelieu n'employa pas la perfidie ni
 les raffinements de supplices de Louis XI, et les hommes qu'il
 condamna avaient évidemment mérité leur sort. Chalais était
 un assassin, et nous avons vu que, le premier, il reconnut son
 crime ; La Valette avait été au moins faible en présence des
 ennemis, et la discipline militaire exigeait qu'on fît, en le ju-
 geant, un exemple terrible; Montmorency avait trahi, livré sa
province aux ravages de bandes indisciplinées et étrangères ;
Marillac était un voleur, dilapidateur des deniers publics. Qui
 songerait à prendre aujourd'hui la défense de semblables
 hommes que tout le monde condamnerait comme Richelieu les
 condamna ? Quant à Cinq-Mars, ce petit gentilhomme, ébloui
par sa fortune inespérée, cet amant de Marion de Lorme,
laquelle, dit le cardinal de Retz, élait un peu moins qu'une
prostituée, quel autre motif le fit agir qu'une ambition que ne
justifiaient ni ses talents ni sa moralité? Il n'hésita pas cepen-
dant à trahir son pays, à le vendre aux Espagnols, ses1 plus
 constants ennemis. Quelle punition aujourd'hui encore inflige-
 rait la loi à un semblable crime? Richelieu ne se borna-t-il
 pas à faire son devoir dans cette circonstance, et peut-on l'ac-
cuser de cruauté? Ne faudrait-il pas plutôt, comme nous l'a-
vons indiqué déjà, l'accuser de timidité et d'indulgence pour
avoir fait grâce à cel imbécile de Gaston, toujours prêt à tra-