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93 un moment, un point de réunion. Mais il est encore bien plus triste de détruire quelque chose, quand on n'a rien à mettre à sa place. « Fais mieux, » dit-on avec raison à celui qui ne fait que blâmer. Et il avait bien raison, cet homme, que je regrette sincère- ment de ne plus voir au nombre des vivants, qui disait avec franchise, « qu'un système est nécessaire, et qu'il ne saurait être réfuté que par un autre système ; que tant qu'on ne peut opposer un système plus soutenable, on devrait se contenter de celui que l'on a. » Je donne donc raison à Gans sur ce qu'il dit du système. Isolément, rien ne peut être produit, car, on en est convain- cu, rien, en quelque sorte, ne peut être appris isolément. Et le même homme n'a pas tort non plus, quand il exprime son admiration de ce que l'auteur de la Philosophie de VIdentilé s'est écarté de son principe et a pris un refuge dans la foi scientifiquement impénétrable, dans l'histoire, à laquelle il a subordonné sa nouvelle philosophie. De mon côté, j'oserai ce- pendant m'étonner que cet homme, d'ailleurs si prudent et si intelligent, ne se soit pas informé avant d'exprimer son admi- ration, si ce qui ressort du système ne manquait pas d'exactitu- de, car s'il vivait encore, il apprendrait dans la suite de mes leçons, qu'il en est autrement en réalité. Jamais dans mon cours la polémique, ou ce que l'on appelle communément de ce nom, ne paraîtra comme but, mais seu- lement comme accessoire. Il est vrai aussi que notre cours ne serait pas aussi instructif que je désire le rendre, si jenejettais pas de temps en temps des regards sur le passé, si je n'indi- quais pas la marche et les développements successifs que la philosophie a éprouvés jusqu'à ce jour ; mais je serai moins occupé à montrer en quoi celui-ci ou celui-là a pu se tromper qu'à indiquer ce qui nous a manqué à nous tous, pour péné- trer réellement dans la terre promise de la philosophie. Si l'un