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 un moment, un point de réunion. Mais il est encore bien plus
 triste de détruire quelque chose, quand on n'a rien à mettre à
 sa place. « Fais mieux, » dit-on avec raison à celui qui ne
 fait que blâmer.
    Et il avait bien raison, cet homme, que je regrette sincère-
 ment de ne plus voir au nombre des vivants, qui disait avec
 franchise, « qu'un système est nécessaire, et qu'il ne saurait
être réfuté que par un autre système ; que tant qu'on ne peut
 opposer un système plus soutenable, on devrait se contenter
de celui que l'on a. »
    Je donne donc raison à Gans sur ce qu'il dit du système.
Isolément, rien ne peut être produit, car, on en est convain-
cu, rien, en quelque sorte, ne peut être appris isolément. Et
le même homme n'a pas tort non plus, quand il exprime son
admiration de ce que l'auteur de la Philosophie de VIdentilé
s'est écarté de son principe et a pris un refuge dans la foi
scientifiquement impénétrable, dans l'histoire, à laquelle il a
subordonné sa nouvelle philosophie. De mon côté, j'oserai ce-
pendant m'étonner que cet homme, d'ailleurs si prudent et si
intelligent, ne se soit pas informé avant d'exprimer son admi-
ration, si ce qui ressort du système ne manquait pas d'exactitu-
de, car s'il vivait encore, il apprendrait dans la suite de mes
leçons, qu'il en est autrement en réalité.
    Jamais dans mon cours la polémique, ou ce que l'on appelle
communément de ce nom, ne paraîtra comme but, mais seu-
lement comme accessoire. Il est vrai aussi que notre cours ne
serait pas aussi instructif que je désire le rendre, si jenejettais
pas de temps en temps des regards sur le passé, si je n'indi-
quais pas la marche et les développements successifs que la
philosophie a éprouvés jusqu'à ce jour ; mais je serai moins
occupé à montrer en quoi celui-ci ou celui-là a pu se tromper
qu'à indiquer ce qui nous a manqué à nous tous, pour péné-
trer réellement dans la terre promise de la philosophie. Si l'un