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87 tes, Messieurs, si je n'avais pas la conviction de pouvoir rendre à la philosophie un véritable service, un service plus grand que jen'ai pu en rendre jusqu'à ce jour, je ne serais pas devantvous. Voilà mon opinion ! Mais je suis bien loin de prétendre et en- core moins d'exiger que cette opinion soit celle de tout le monde. J'espère seulement pouvoir prouver que nul n'a le droit de me voir d'un mauvais œil à cette chaire où je me trouve appelé. On m'accordera donc la faveur de quelques ins- tants d'attention pour entendre la réponse qu'aujourd'hui et dans toute la suite de mon cours, je dois et suis dans l'inten- tion de faire à la question « Die cur hic. » N'ai-je pas assez long-temps laissé le champ libre aux autres, sans me jeter dans la voie de ceux qui auraient voulu ou pu atteindre au même but dans la science. Si je suis arrivé dans cette carrière à quelque chose qui soit digne d'être lu en ces lieux, et qui mérite l'attention d'une as- semblée aussi éclairée que celle que je vois devant moi, le chemin en était ouvert à tout le monde et personne ne pourrait m'accuser dem'être trop hâté pour prévenir mes concurrents. Il y a aujourd'hui quarante ans que je suis parvenu à tourner un nouveau feuillet dans l'histoire de la philosophie ; une page de ce feuillet est actuellement remplie, et j'aurais vu avec plai- sir qu'un autre que moi en eût tiré tous les résultats et en eût couvert la page restée en blanc. Quand je vous assure, mes Auditeurs, que j'ai senti toute la grandeur et toutes les difficultés de la tâche qui m'a été impo- sée, tâche que cependant je n'ai ni déclinée ni refusée, je mon- tre certainement par là , que j'ai la conscience de ma mis- sion. Mais cette tâche, je ne me la suis pas donnée, elle m'a été confiée sans que j'aie rien fait pour l'obtenir, et à l'heure qu'il est, il ne dépend pas de moi ni de la renier ni de la déprécier. Non, je ne me suis pas érigé moi-même en précepteur du siècle; si j'étais un tel homme, c'aurait été néces-