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   Placé entre les trois facullés du royaume, Lyon garde une allure propre; ce
n'est ni l'analomo-palhologisme de Paris, ni le vitalisme de Montpellier, ni le
germanisme de Strasbourg. C'est une individualité à part qui ne vit pas servi-
lement du reflet de ces trois grandes influences. Par son esprit positif, ses
tendances pratiques et son jugement expérimental, Lyon se trouve également
éloigné et du cercle étroit d'une routine aveugle qui manque de conception ,
et des écarts d'une imagination aventureuse qui substitue ses créations à celles
de la nature. Aussi, tout en marchant dans la voie du progrès, l'École lyon-
naise lieul-elle le dogme à l'abri des grandes oscillations perturbatrices des-,
systèmes; aussi conserve-t-elle les traditions pures, soumises qu'elles sont in-
cessamment à l'épreuve clinique qui les vivifie. L'exclusivisme a peu cours
dans son sein ; e t , à ses yeux, l'hypothèse s'exclame en vain, quand l'expé-
rience ne vient pas lui répondre.
   Ces éléments intimes qui composent son caractère, présentent à l'observa-
Icur une série d'études pleines d'attraits ; c'est cette physionomie qu'on s'at-
tend à voir peindre par le Journal de Médecine ; ce n'est point une imitation de
la presse parisienne qu'on demande ; ce serait le condamner à n'être jamais
qu'une pâle et indigne copie des feuilles de la capitale ; ce doit être une œu-
vre originale, une œuvre de doctrine et de philosophie médicale, qui, fidèle à
sa destination, vienne remplir la lacune scientifique que nous avons signalée.
   Assez de matériaux se sont accumulés en silence pendant la longue période
 où l'art hippocratique est resté à Lyon sans organe de publicité. Assez de jeu-
nes travailleurs sont venus grossir les rangs des hommes distingués dont notre
ville s'honore. Il ne s'agit que d'exploiter ces richesses. Jamais, peut-être, la
médecine lyonnaise n'a présenté un aspect aussi animé ! Qui n'est frappé du dé-
 veloppement et de l'activité vraiment insolites qu'on lui voit prendre chaque
jour, et du nombre comme du mérite des ouvrages ex-professo qui sont sortis
de nos presses dans ces dernières années !
   Remarquons aussi que nulle autre ville peut-être n'est mieux placée et ne
réunit plus de conditions heureuses pour imprimer à la critique cette élévation et
cette indépendance qui en font tout le prix. Certes, ce ne serait pas là une des
moins belles attributions du journalisme lyonnais ! Son contrôle impartial ac-
querrait une haute importance dans le monde savant, et deviendrait un frein
puissant pour réprimer les opinions stériles ou funestes que Paris fait naître
chaque jour au détriment de l'art. C'est un rôle aussi utile qu'honorable (pie
nous nous empressons de signaler au comité de rédaction. Sa tâche nous semble
nettement tracée sous ces divers points de vue.
   Tel sont les principes fondamentaux qui doivent servir de guides ; eux seuls