page suivante »
53 du fronton; elles s'élancent gracieusement légères, sur quatre gra- dins entourés d'une épaisse verdure. On a découvert les fondations voisines d'un édicule consacré à Léda. Deux autres édifices ruinés et qui semblent avoir été consacrés, l'un à Esculape, l'autre à Vulcain, achèvent cet admirable ensemble. L'art des Doriens s'y montre avec la permanence de son caractère primordial et la variété de ses modifications sucessives. Nulle part peut-être, ni dans l'Attique, ni dans l'Asie-Mineure, le génie grec ne se révèle par des ouvrages plus complets, depuis la nudité sévère des premiers âges jusqu'à la décadence fleurie des derniers temps. Mais, au milieu des libres inspirations de la peinture et delà sculpture, l'architecture conserve son type traditionnel. C'est toujours le parallélogramme rectangle pour la base, le triangle pour le couronnement ; ce sont les combi- naisons les plus simples de la ligne droite ; c'est la réalisation de cette maxime que le beau réside dans la proportion, c'est-à -dire dans l'harmonie. On ne saurait s'empêcher d'y reconnaître la pensée de l'école de Pythagore, école dorienne aussi pour qui la triade et la titrade étaient des nombres sacrés, pour qui le monde n'était qu'un système de rapports parfaits, et la création une géométrie divine. Ces formes s'accordaient, d'ailleurs, merveilleusement avec le beau ciel sur lequel elles se dessinent si précises et si correctes. Un soleil ardent donnait à la pierre même un ton doré. La lumière se jouait à travers les colonnades, dont les ombres projetées doublaient la gran- deur et le mystère. Quand la Cella avec ses grands murs apparaissait aussi derrière lepérystile qui l'environnait et la laissait voir, c'était comme la divinité qui se cache aussi, mais derrière un voile trans- parent, afin de se faire chercher par les hommes. On ne saurait omettre, en parlant d'Agrigente, les observations de M. Bentivenga, architecte de la ville, qui croit avoir retrouvé d'anciennes mines d'or dans les vastes souterrains où se réfugièrent les Agrigentins, assiégés par les Carthaginois. Il faut aussi citer M. Pulité, dont l'érudition a illustré plusieurs vases trouvés dans les sépultures environnantes. Sur le même rivage, mais plus loin vers l'occident, les ruines de Sélinonte couvrent deux collines : d'un côté les restes de la cita- delle, de l'autre trois temples renversés. Il n'est rien de plus impo-