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 du fronton; elles s'élancent gracieusement légères, sur quatre gra-
 dins entourés d'une épaisse verdure. On a découvert les fondations
voisines d'un édicule consacré à Léda. Deux autres édifices ruinés et
qui semblent avoir été consacrés, l'un à Esculape, l'autre à Vulcain,
achèvent cet admirable ensemble. L'art des Doriens s'y montre
avec la permanence de son caractère primordial et la variété de
ses modifications sucessives. Nulle part peut-être, ni dans l'Attique,
ni dans l'Asie-Mineure, le génie grec ne se révèle par des ouvrages
plus complets, depuis la nudité sévère des premiers âges jusqu'à
la décadence fleurie des derniers temps. Mais, au milieu des libres
inspirations de la peinture et delà sculpture, l'architecture conserve
son type traditionnel. C'est toujours le parallélogramme rectangle
pour la base, le triangle pour le couronnement ; ce sont les combi-
naisons les plus simples de la ligne droite ; c'est la réalisation de cette
maxime que le beau réside dans la proportion, c'est-à-dire dans
l'harmonie. On ne saurait s'empêcher d'y reconnaître la pensée de
l'école de Pythagore, école dorienne aussi pour qui la triade et la
titrade étaient des nombres sacrés, pour qui le monde n'était qu'un
système de rapports parfaits, et la création une géométrie divine.
Ces formes s'accordaient, d'ailleurs, merveilleusement avec le beau
ciel sur lequel elles se dessinent si précises et si correctes. Un soleil
ardent donnait à la pierre même un ton doré. La lumière se jouait à
travers les colonnades, dont les ombres projetées doublaient la gran-
deur et le mystère. Quand la Cella avec ses grands murs apparaissait
aussi derrière lepérystile qui l'environnait et la laissait voir, c'était
comme la divinité qui se cache aussi, mais derrière un voile trans-
parent, afin de se faire chercher par les hommes.
   On ne saurait omettre, en parlant d'Agrigente, les observations
de M. Bentivenga, architecte de la ville, qui croit avoir retrouvé
d'anciennes mines d'or dans les vastes souterrains où se réfugièrent
les Agrigentins, assiégés par les Carthaginois. Il faut aussi citer M.
Pulité, dont l'érudition a illustré plusieurs vases trouvés dans les
sépultures environnantes.
   Sur le même rivage, mais plus loin vers l'occident, les ruines de
Sélinonte couvrent deux collines : d'un côté les restes de la cita-
delle, de l'autre trois temples renversés. Il n'est rien de plus impo-