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36 moyen-age a produit en abondance. Il ressemble à Salvator Eosa: L'estate ail' ombra, il pigro verno al foeo Tra modesti desii, l'anno gli vede Pingerper gloria, et poetar pergioco (r). Il était poète, orateur, théologien et guerrier. On le voit dans quelques-uns de ses livres , la tête ceinte de laurier, les cheveux flottants, la poitrine couverte d'acier, la main armée d'une de ces grandes épées telles qu'en portaient les soldats de Charles-le-Téméraire à la bataille de Morat. Sur le trépied d'Apollon, il improvisait des vers où parfois manquait la me- sure, mais brûlants comme du feu ; sur le champ de bataille, il frappait d'estoc et de taille; à table, il buvait sans s'enivrer. Il aimait les femmes plus encore que le vin : heureux si, dans l'intérêt de sa santé et peut-être de sa gloire, il n'eût courtisé que les Muses. Ulrich qui avait parcouru l'Allemagne, la France (2), l'Ita- lie, buvant, guerroyant, chantant, aimant, avait recueilli, dans cette vie nomade de poète, d'homme d'armes, de galant aventurier, une foule de joyeusetés, de lazzi, de concetti, dont il adornait son style, à la manière de notre Rabelais. Il a dû connaître le curé de Meudon, peut-être s'inspirer de sa con- versation : Pantagruel n'use pas du mot propre avec plus de délices Un jour qu'il retournait dans sa verte Franconie pour se gué- rir d'une maladie qui n'a rien de poétique, bien que Fracastor l'ait chantée en vers harmonieux, il trouva sur son chemin un morceau de bois de gayac qu'il essaya de dissoudre dans de l'eau, et qu'il avala en guise de remède ; et le mal gaulois ou napolitain qu'il traînait avec lui , en expiation de son péché, cessa momentanément de le tourmenter. (i) Satira délia pâtura. (a) Epist. Bud. Erasmo,