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460 LE SYCOMORE. Qu'est devenu ton frais ombrage, Sous lequel l'amour s'exilait, Sycomore dont le feuillage Dans la voix des brises parlait ! L'hiver, flétrissant la parure , T'a frappé de son doigt de mort ; Et dans tes rameaux sans verdure , Passe, en sifflant, le vent du nord. Ta feuille que glaça l'automne, Tombe à tes pieds, pâle beauté , Comme on voit tomber la couronne Du front d'un roi déshérité. L'oiseau fuit tes bras sans mystère , Et l'amant, au tomber du jour, Sous ton ombrage solitaire , Ne surprend plus l'aveu d'amour. Mais j'aime tes rameaux sans ombre ; Je me plais au deuil de ton bois ; Et si, quand descend la nuit sombre , A tes pieds je m'assieds parfois, C'est qu'une secrète puissance Fit mon destin pareil au tien ; C'est que l'instint de la souffrance Nous unit du même lien. Comme toi, le sort humilie Mon être qu'étreint la douleur ; Arbuste étiolé , je plie Au souffle incessant du malheur.