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429 ment, comme les littérateurs, une mêlée véritable où chacun suit ses penchants et sa volonté. Il y a eu aux expo- sitions lyonnaises (i856 et 1837) quelques grandes toiles, mais des paysages et encore des paysages, et toujours des paysages. — Je ne me plains point de cette recrudes- cence : si l'art de la peinture, à Lyon, comprend bien sa mission , il sera toujours paysagiste; la nature paysagée, riche en accidents et en lumière qui environne Lyon, invite les artistes à cette tendance 5 mais il est à craindre aujourd'hui que M. Bonnefond , directeur de l'école royale des Beaux-Arts, ne trouve des imitateurs autour de lui. M. Bonnefond est un homme d'un grand talent, il est le noble enfant de cette école matérialiste qui prend les faits de peinture au positif, et sacrifie cons- tamment le sentiment à la sensation. On voit que ce peintre s'attache au faire italien, qu'il tâche de dévelop- per dans le spectateur l'énergie de la sensualité exté- rieure. — Il y a l à , qu'on y prenne garde, une question d'entrailles3 —c'est la question de poésie, c'est la ques- tion d'architecture.... Les toiles flamandes et Rubens ont idéalisé l'art, ont parlé davantage aux yeux, sons l'in- fluence des mœurs excentriques. Je me rappelle certaines têtes de moines de M. Bonnefond, que le vulgaire eut raison d'admirer comme peinture et comme galbe, mais qu'il aurait eu grand tort d'admirer comme expression. L'artiste n'a pas assez cherché à diviniser ses têtes d'ana- chorètes, à exalter leur caractère, leur nature, à les faire intimes et pareils à l'idée que nous avons des pieux cé- nobites de l'église primitive. Il n'y aura jamais de larges et fécondes pensées que pour l'artiste doué d'une foi vive, passionnée, compre- nant merveilleusement toutes les harmonies de culte et