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ment, comme les littérateurs, une mêlée véritable où
chacun suit ses penchants et sa volonté. Il y a eu aux expo-
sitions lyonnaises (i856 et 1837) quelques grandes toiles,
mais des paysages et encore des paysages, et toujours des
paysages. — Je ne me plains point de cette recrudes-
cence : si l'art de la peinture, à Lyon, comprend bien sa
mission , il sera toujours paysagiste; la nature paysagée,
riche en accidents et en lumière qui environne Lyon,
invite les artistes à cette tendance 5 mais il est à craindre
aujourd'hui que M. Bonnefond , directeur de l'école
royale des Beaux-Arts, ne trouve des imitateurs autour
de lui. M. Bonnefond est un homme d'un grand talent,
il est le noble enfant de cette école matérialiste qui
prend les faits de peinture au positif, et sacrifie cons-
tamment le sentiment à la sensation. On voit que ce
peintre s'attache au faire italien, qu'il tâche de dévelop-
per dans le spectateur l'énergie de la sensualité exté-
rieure. — Il y a l à , qu'on y prenne garde, une question
d'entrailles3 —c'est la question de poésie, c'est la ques-
tion d'architecture.... Les toiles flamandes et Rubens ont
idéalisé l'art, ont parlé davantage aux yeux, sons l'in-
fluence des mœurs excentriques. Je me rappelle certaines
têtes de moines de M. Bonnefond, que le vulgaire eut
raison d'admirer comme peinture et comme galbe, mais
 qu'il aurait eu grand tort d'admirer comme expression.
L'artiste n'a pas assez cherché à diviniser ses têtes d'ana-
 chorètes, à exalter leur caractère, leur nature, à les faire
 intimes et pareils à l'idée que nous avons des pieux cé-
 nobites de l'église primitive.
  Il n'y aura jamais de larges et fécondes pensées que
pour l'artiste doué d'une foi vive, passionnée, compre-
nant merveilleusement toutes les harmonies de culte et