Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                                      350
synagogue, et lorsque je demandai à quelques pâles vieillards
s'ils connaissaient encore le Pentateuque et le Deuléronome,
ils me regardaient sans me comprendre, et continuaient à
réciter des phrases qu'ils ue comprenaient pas davantage.
Telle est l'ignorance profonde dans laquelle le ministre laisse
vivre les Juifs qui se rendent encore à ses appels. La classe
b r i l l a n t e , au contraire , honore d'un profond dédain les cé-
rémonies du c u l t e , et je puis affirmer qu'un Israélite, établi
depuis quelques mois dans notre ville , profondément versé
dans les doctrines du judaïsme du jour, c'est-à-dire dans les
nouvelles interprétations rajeunies , mises à la m o d e , igno-
rait encore , il y a quelques jours , que Lyon possédait une
synagogue.
    Ces faits parlent bien h a u t , ils se passent dans une ville
 où de fâcheuses préventions abreuvent la synagogue d'humi-
 liations , et perpétuent ainsi d'une manière tacite la persé-
 cution des siècles passés. Que serait-ce d o n c , si, sortant de
 Lyon , je gravissais la montagne pour regarder en face l'état
 actuel de l'esprit juif? Je suppose que les Israélites ardents
 du huitième siècle sortent un instant de leur couche, n'y
 redescendraient-ils pas bien vite pour ne point assister aux
 funérailles du culte et de la croyance ?
    La seconde cause d e l à dissolution prochaine du judaïsme
 est le démembrement de la doctrine. Quelques têtes inno-
 centes ou faibles croient à la synagogue, la jeunesse n'y croit
 plus ; il y a schisme et déchirement : la l o i , bien loin d'être
 complète , n'est plus qu'une lettre torturée à plaisir et se
 prêtant aux caprices des mains qui la défigurent et la brisent.
 Depuis long-temps la partie gouvernementale des lois de
Moïse est effacée ; les prescriptions de haine dictées par le
 Thalmud sont oubliées ; mais les Juifs gardaient encore les
rêves de leur patrie ; ils attendaient le Messie ; maintenant
ils ne désirent plus la gloire de Jérusalem, ils n'attendent
plus le Messie, ils savent qu'il a passé parmi eux. Tel est le
judaïsme dominant au dix-neuvième siècle, tel est le résul-