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de dague, mais n'en pouvant venir à bout, fut surpris de
r a g e , et comme il était agité du diable, s'écria hautement
en ces mois : Si tu es le Dieu des chrétiens, montre-le, au
nom de tous les diables. Lors l'hostie se partit en trois par-
ties, et découlait le sang de tous côtés, dont le Juif étonné
enveloppa les pièces en un drapeau, et les garda en sa mai-
son pendant tout un mois ; et puis il en envoya deux parties
aux Juifs de Brandebourg et de Stendel, se réservant la tierce
partie, dans laquelle il ficha force coups de dague sur une
table, et derechef fluèrent force gouttes de sang ; de quoi
étant effrayé, il voulut manger cette particule ; mais il ne
lui fut jamais possible, parquoi il la jeta dans l'eau, et ne la
put enfoncer ; et après l'avoir jetée dans l'eau, il l'en retira
sans qu'elle fût endommagée. Advenant donc le temps de
Pâques, il fil cuire des pains sans levain, et posa la particule
de la sacrée hostie dans un morceau de pain , et la mit cuire
dans le four, dont le four en devint soudain tout resplen-
dissant, et sauta cette pâle aux yeux du Juif, dont étant tout
en crainte et frisson, envoya la pâte et la particule de l'hostie
à un autre Juif. Enfin, étant décelé tant par la confession
du vendeur, que par les Juifs mêmes, il fut pris par le com-
mandement du marquis, lequel aussi fit prendre tous les
Juifs habitant dans les terres et détroit de son obéissance,
et les fit amener tous à Berlin, où ils furent emprisonnés,
et leur étant la géhaine présentée, confessèrent, entre plu-
sieurs autres crimes, que en bien peu d'années ils avaient
fait mourir sept petits enfants chrétiens à coups d'aiguilles et
de poinçons ; au moyen de quoi ils furent condamnés et
furent quarante brûlés. Trois autres Juifs reçurent le bap-
tême, mais le lendemain deux d'iceux furent pendus ; le troi-
sième se rendit au collège des Cordeliers, â Berlin , et fut
sauvé de ce supplice. » Paradin termine ce récit et celui de
plusieurs autres catastrophes par ces mots : « Voilà donc les
 signes et avertissements que Dieu a faits à la chrétienté pour
  mus retirer des abîmes de nos péchés, pour raison desquels