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mière croisade et la possession de la sainte cité aient quelque
peu désarmé le zèle de la persécution. Peut-être m ê m e les
Israélites seraient-ils parvenus à se faire oublier durant quel-
que temps , si le réveil des croyances n'avait porté ce peuple
aveugle à reconnaître dans un aventurier les caractères de
puissance promis au Messie. En 1137, le libérateur présumé
des Hébreux se produit au grand jour, et cet éclat le perd ;
malheureusement il ne l'entraîna pas seul dans sa ruine. Le
j u d a ï s m e , toujours i n d o m p t é , toujours vivace, choisissait
mal le jour de sa révolte; celle-ci fut étouffée avant de naître.
L'Å“il de la force se rouvrit encore sur les Juifs , et Louis-le-
Jeune, non content de maltraiter le peuple esclave et rebelle,
parce qu'il souffrait, voulut anéantir son action religieuse,
l'élément de sa force : les synagogues croulèrent sous le mar-
 teau.
   Lorsque j'ai parlé du repos goûté par les Israélites en
France au commencement du douzième siècle , quelque pré-
somption m'aurait autorisé à excepter Lyon. L'autorité pater-
nelle des archevêques ne devait guère permettre à Israël de
s'implanter de nouveau sur notre sol ecclésiastique. Si les
Juifs revinrent dans notre cité après le rappel de Philippe,
ils le firent d'une manière occulte et le temps seul leur
octroya droit de séjour. Dans le douzième s i è c l e , en effet,
Benjamin de Tudde entreprit un voyage, afin de visiter les
diverses synagogues d'Orient et d'Occident. Venu à la France,
l'historien voyageur parle de la colonie narbonnaise, à la
tête de laquelle se trouvait alors un dernier descendant de la
race de David, célèbre par ses richesses et revêtu d'une a u -
torité civile. Narbonne était la tête de la société juive. De
 Tudde parle ensuite des synagogues dé Montpellier, de L u n e l ,
 de Beaucaire, d'Arles, de Marseille et de Paris ; pas un mot
 n'est dit sur L y o n , et cependant il est impossible que l'im-
 portance de notre ville n'ait pas attiré l'observateur du dou-
 zième siècle. Ce m'est donc une preuve que les Juifs n'avaient
 pas repris corps à Lyon.