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    Cependant les chances de la guerre contre l'islamisme se
compliquaient d'une triste manière ; l'état des choses chan-
geait du côté d'Orient. Aussi le contrecoup se fait bien vite
sentir en E u r o p e , et les Juifs sont naturellement l'holocauste
offerte au Seigneur. Ne les accusait-on pas d'empoisonner les
fontaines? ne crucifiaient-ils pas de jeunes enfants ? n'insul-
taient-ils pas aux hosties saintes ? et tous ces crimes commis
à la face du peuple chrétien n'attiraienl-ils point la malédic-
tion divine sur l'Orient et l'Occident? Je ne reviendrai pas
sur la critique de ces faits dictés presque toujours par la
calomnie. Leur influence fut g r a n d e , elle ébranla les siècles
 suivants, et si plus tard la France cessa de s'abreuver du sang
juif, ce fut par ce motif bien simple qu'elle l'avait épuisé.
    Vers l'année 1182 , Philippe-Auguste, à peine assis sur le
trône , continua l'œuvre de Louis-le-Jenne ; les Juifs le fati-
guant , il invoqua l'agiotage et l'usure, proféra le nom de
b l a s p h è m e , et chassa les Israélites, ainsi que les comédiens
et les farceurs. Au fond du décret de cet e x i l , je retrouve
encore la pensée de la royauté , la religion est le motif , la
cupidité est la vraie cause. Philippe dépouille les Juifs avant
 de les expulser, les quatre cinquièmes des sommes dues sont
remis aux débiteurs des Israélites , et le trésor royal prend
le reste pour lui. Au moyen de cet accommodement, les
 sujets n'eurent qu'à s'applaudir de la spoliatrice générosité du
monarque ; mais le peuple fanatisé n'oublia pas sa part de
 sang ; les enfants de Juda qui purent échapper au massacre
 emportèrent dans l'exil et leur misère et leur ressentiment.
 Vraiment j'ai peine à répéter toujours la même chose, mais
 l'historien a sa tâche , et je la remplirai. Si les chrétiens d'a-
 lors ont souillé leur m é m o i r e , les chrétiens d'aujourd'hui
 n'assumeraient-ils pas sur eux la responsabilité de ces actes,
 en craignant de les accuser?
  Jérusalem cède aux efforts de Saladin, les chrétiens p e r -
dent la Terre-Sainte. C'est en vain que les princes d'Europe
se coalisent pour venger l'honneur de la croix; Philippe-