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seule fut épargnée, parce que, disait-il, comme ce signe
de rédemption n'avait pas de figure humaine, il ne pouvait
entraîner les fidèles dans l'idolâtrie. Agobard soutint encore
en chaire et par écrit qu'un bon chrétien doit réduire toutes
les images en poudre, comme le roi Ezéchias pulvérisa le
serpent d'airain, puisque les unes ne sont pas moins que
l'autre une occasion de basses superstitions et d'insultes à
la Divinité.
    Une autre fois, le prélat de Lyon voulait ramener le culte
à la simplicité évangélique, et la violence de son caractère
perça trop souvent dans les raisons qu'il fit valoir pour mo-
tiver sa réforme. Cette modification a du reste rencontré des
 critiques; mais Agobard, pressé par l'esprit de controverse,
expose dans sa réponse un système de cérémonies opposé à
 celui des autres cathédrales. Non-seulement les hymnes furent
 proscrites, et le chant réduit à une psalmodie grave, triste et
 monotone , condamnée par Amularius , comme propre tout
 au plus aux enterrements des chanoines, et nullement faite
 pour élever l'ame des chrétiens vers leur Dieu ; mais encore
 Agobard ne voulut pas même permettre les homélies des
 saints Pères, et n'admit que la parole de Dieu, c'est-à-dire
 les saintes Ecritures (1).
    Le rigorisme déployé par notre archevêque dans tout ce
 qui concernait la conduite de son Eglise devait s'irriter da-
 vantage encore contre toutes les impiétés du dehors qui échap-
 paient à la puissance de réforme. Je ne me permettrai pas
 de porter un jugement sur cet homme, l'une des gloires de
 Lyon; niais, de tous les auteurs qui ont essayé de formuler
  leur opinion sur Agobard, le P. de Colonia me paraît avoir
  le mieux pénétré dans son esprit. Je cite ses paroles, en fai-
  sant toutefois observer qu'elles sortent de la bouche d'un
  membre de la Société de Jésus :
   « Agobard était un de ces hommes impétueux, de ces

   (1) Clerjon, 2e partie liv. six.