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287 hommes de feu qui vont au bien sans ménagement et sans tolérance, et qui ne voulant jamais rien que de j u s t e , le veulent quelquefois un peu trop. Agobard possédait la science des siècles passés , mais il cherchait moins à persuader qu'à convaincre par le poids et par la force de ses raisonnements. » Après ces réflexions inhérentes à mon sujet, je reviens sur mes pas. Agobard n'ayant point obtenu l'annulation de l'édit de l'empereur, veut tenter un dernier effort. Celui auquel l'archevêque s'était adressé la première fois pour être i n t r o - duit auprès de Louis , Adalard, neveu de l'empereur, avait été disgracié et relégué dans le monastère de Nermonstier (1). Cette fois d o n c , Agobard adressa sa requête à ses seigneurs très-saints et très-illustres Hilduin, prélat du sacré palais, et à l'abbé Wala. Comme la lettre dont je parle n'est en grande partie que la répétition des précédentes, j ' e n extrairai peu de passages. « Si je prends la liberté de vous écrire et de m'adresser à v o u s , c'est parce que je sais que vous êtes les principaux ministres et presque les seuls pour les affaires de la religion auprès de la personne sacrée de notre empereur très-chré- tien. Pour c e l a , l'un de vous est toujours à la cour, et l'autre y va très-souvent. » Agobard répète qu'il ne peut croire à cet édit de l'empereur, qui défend de recevoir au baptême les serviteurs des Juifs sans le consentement de leurs maî- tres. « Car vous n'ignorez pas, Messeigneurs, le commande- ment que le Sauveur fit à ses apôtres dès le commencement de la publication de l'Evangile, quand il leur dit universelle- m e n t , sans distinction de personnes et sans aucune r é s e r v e , ni exception d'état ou de condition : Allez, enseignez toutes les nations, et instruisez-les; et une autre fois encore : Allez dans tous les endroits du monde, prêchez l'Evangile à toute créature. Qui croira et sera baptisé sera sauvé. Les apôtres et leurs (t) Adalard fut soupçonné d'avoir eu quelque part à la conspiration de Pépin ) son père , roi d'Italie, contre Louis-Ie-Débonnaire, son frère.