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rachat des esclaves se trouve présentée avec une force vic-
torieuse de logique, mais l'intérêt et la séduction rendirent
vaines toutes ces instances.
  Agobard ne se déconcerte pas ; seul il veut lutter et triom-
pher à force d'insistance et de soins. Ce prélat fait la visite
de son diocèse, et communique par une lettre à Mbridius ,
archevêque de N a r b o n n e , le dessein qu'il a formé d'empê-
cher autant que possible toute communication entre les Juifs
et les fidèles confiés à sa garde. Voici quelques passages de
sa lettre :
   « J'ai besoin de votre secours, ou plutôt mon Eglise en a
besoin, afin qu'à défaut de mes forces , vous me souteniez de
vos conseils comme d'un bouclier et d'un rempart inexpug-
nable qui me fortifiera dans mes faiblesses et m'empêchera
de succomber. Je me suis cru obligé, pour garder les saints
canons et pour obéir à la loi de Dieu, de dénoncer à tous les
fidèles de mon diocèse, s'ils voulaient c o n s e r v * la foi, de
n'avoir aucun commerce avec les infidèles ; je veux dire avec
les Juifs, Car, Dieu merci, il n'y a plus de païens en ce pays,
mais il y a quantité de Juifs (1) qui demeurent en la ville de
Lyon et qui sont répandus dans tous les lieux circonvoisins.
Or, il me semble qu'il est indigne de voir les enfants de la
lumière se mêler avec les enfants des ténèbres, et que l'Eglise
de Dieu, qui doit être saus tache pour être agréable à son
époux céleste, ait des communications avec la synagogue,
après qu'elle a été répudiée. Une vierge, aussi sainte et aussi
chaste qu'est l'épouse de Jésus-Christ, ne doit pas fréquenter
une prostiluée, ni boire et manger avec une décriée, dont les
fréquentations ne font que la porter à toutes sortes de crimes.
Nous voyons déjà trop les funestes effets de ces communi-
cations. Quelques-uns de nos chrétiens observent le jour du
sabbat, violent le dimanche par des Å“uvres serviles , ne gar"
dent plus les jours de jeûne , et les servantes se laissent sé-


  (1) Ne. perdons pas de vue que ces lettres étaient écrites en l'année 850.