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duire par les Juifs. Ceux-ci, pour tromper les ignorants, dé-
bitent avec arrogance qu'ils sont les descendants des patriar-
ches , les enfants des saints et la race des prophètes ; tandis
que les chrétiens sont la nation pécheresse, un peuple
chargé d'iniquités, des enfants de crime, une semence mau-
dite ; que leurs pères sont les Amorrhéens, leurs mères la race
de Chanaan, et qu'ils viennent des princes de Sodôme et des
habitants de Gomorrhe, tant de fois anathémalhisés et maudits.
   « Saint Jean-Baptiste, continue Agobard , n'a-t-il pas ap-
pelé les Juifs race de vipères, elle Sauveur lui-même n'a-t-il
pas dit qu'ils étaient une race méchante, maligne , perverse
et adultère. Cependant des gens simples de la ville et de la
campagne se laissent entraîner tous les jours, et répètent
que leur foi est meilleure et plus certaine que la nôtre. J'ai
voulu, k l'exemple de la loi de Dieu, qui défendait autrefois
aux Juifs de contracter alliance avec les Gentils, défendre
également Sux chrétiens déboire et manger avec les Juifs;
car nous ne devons pas attendre d'en convertir aucun par la
douceur et l'honnêteté, mais nous devons craindre qu'ils em-
poisonnent par leur venin ceux qui mangent avec eux. Les
commissaires de l'empereur ont fait ce qu'ils ont pu pour
s'opposer à mes desseins, et m'ont présenté quelques édits
auxquels je n'ai point voulu me tenir pour conserver la vé-
rité de la loi divine. Je n'ai eu garde d'acquiescer à de sem-
blables ordonnances, si fatales à la religion, n'ayant pu me
persuader qu'un prince aussi pieux que le nôtre voulût rien
ordonner de si contraire aux saints canons. C'est pourquoi,
très-saint père , je vous conjure, vous qui êtes une des plus
fortes colonnes de la maison de Dieu, de demeurer inébran-
lable et de vous opposer à ces tourbillons, à ces vents, à ces
tempêtes qui attaquent l'Eglise solidement établie sur la
pierre , vous souvenant que les flots peuvent bien heurter
contre elle, mais qu'ils ne sauraient l'ébranler, et bien moins
la renverser, puisque les portes de l'enfer ne prévaudront
jamais contre elle.