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par Agobard aux pieds du trône, à supposer que l'intrigue des
courtisans lui ait laissé la liberté d'en faire, mais une lettre
écrite par lui jette quelques lumières sur cette partie de sa
vie. Citons un des extraits :
    « Aux très-révérends et très-saints pères et seigneurs Dom
Adalard (abbé de Corbie, parent de l ' e m p e r e u r ) , Dom Waia,
( a b b é , frère d'Adalard), et Dom Hélisachar (chancelier).
    « Dernièrement, après que je fus allé au palais prendre
congé de l'empereur, et demander la permission de me reti-
rer dans mon diocèse (1), vous eûtes la bonté de m'entendre
lorsque je me justifiais modestement contre ceux qui soute-
naient le parti des Juifs, et qui avaient porté à la cour des
plaintes contre moi. Et après que j'eus répondu aux chefs
principaux des accusations, vous vous levâtes, et je vous
suivis jusqu'à la porte du cabinet où vous êtes entrés pour
parler au prince, tandis que je vous attendais au dehors. Vous
m'appelâtes peu après pour entrer, et je n'eus point d'autre
parole de l'empereur, sinon que je pouvais me retirer quand
je voudrais, sans que je pusse rien a p p r e n d r e , ni de ce que
 vous aviez dit au prince sur le sujet de ma v e n u e , ni de
 quelle manière il avait reçu la rapport que vous lui aviez
fait, ni ce qu'il avait répondu. Je n'ai pas osé depuis vous
 approcher, dans la crainte que j'avais de vous être importun,
 et plutôt par chagrin d'avoir si mal réussi dans mon entreprise,
 et par la défiance des lumières de mon petit esprit, que pour
 manque de justifications. Car je me retirai si troublé de celte
 audience si peu favorable, que je ne sus plus où j'allais, si-
 non que je me suis retiré dans mon logis, plein de confusion
 et de douleur. Je vous écrirais les justes causes de mon afflic-
 tion, si je ne craignais de vous chagriner ; cependant, si vous
 le permettez , le porteur de la présente pourra vous dire
 certaines choses que je ne crois pas devoir vous celer. »


   (1) Ces paroles laisseraient supposer qu'Agobard fut mandé à la cour pour
présenter la justification de sa conduite. Je ne puis rien affirmer sur ce point.