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    Agobard leur demande ensuite conseil sur ce qu'il doitfaire
 relativement à quelques esclaves de Juifs, qui, élevés dans le
 paganisme et touchés de componction , désirent se faire chré-
 tiens pour devenir membres du corps de Jésus-Christ. « Ils se
 jettent entre nos bras et demandent le baptême, devons-nous
 les recevoir ou résister à leur prière? La raison que j'ai pour
 les recevoir, est que je considère qu'il n'est point d'hommes,
 de quelque condition qu'ils soient, qui ne soient les créatures
 de Dieu, et que celui qui les a formés et conservés a plus de
 droit sur eux que ceux q u i , pour vingt ou trente écus, se
 sont rendus maîtres de leurs corps pour les employer à leur
 service. Tout serviteur qui est obligé d'employer ses forces
 corporelles pour le service de ses maîtres doit à son seul créa-
teur toute l'application de son esprit pour les exercices de la
religion. C'est pour cela que les saints compagnons et suc-
cesseurs des apôtres n'attendaient pas le consentement des
 maîtres pour baptiser les esclaves- r mais, sachant que tous
ont un même Seigneur et Dieu, ils les baptisèrent tous égale-
m e n t , et réunirent indifféremment les maîtres et les servi-
teurs en un seul corps , comme frères et enfants de Dieu ^
voulant qu'ils demeurassent dans l'état et la condition où la
providence les avait m i s , quoiqu'ils tâchassent de leur p r o -
curer la liberté quand ils pouvaient les délivrer de la servi-
tude.
   « Si nous louons le zèle de notre religieux empereur quand
il fait la guerre aux infidèles pour les soumettre à Jésus-
Christ, c'est aussi une action de piété de ne pas rebuter ceux
d'entre ces infidèles qui désirent recevoir le saint baptême.
Mais nous ne prétendons pas par là que les Juifs perdent ce
qu'ils ont donné pour acheter ces esclaves ; nous leur offrons,
selon les édits de nos empereurs précédents, de leur rendre
le prix qu'ils leur ont coûté. Ceux-ci ne veulent pas accepter
cette proposition, se flattant d'être appuyés au palais par les
magistrats, et d'y être écoutés préférablement à tout ce que
nous pourrions y dire au contraire.