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injustice. Sans doute il perce un zèle aigri dans les ordon-
nances de ce chrétien, mais bien des raisons le justifient.
   A l'époque dont je p a r l e , les Juifs exerçaient à Lyon ,
comme ailleurs, une grande puissance par leur fortune. La
colonie israélite occupait le quartier le plus somptueux de
notre 'ville, et la rue Juiverie a conservé son nom. Une grande
magnificence brillait dans leurs demeures ; le luxe s'était ins-
tallé chez eux , et les ornements les plus précieux couvraient
leurs femmes et leurs filles. On découvre encore de nos jours
l'aqueduc et la source qui alimentait les bains élevés à grands
frais par les Juifs. Pour comprendre toute l'étendue que de-
vaient comporter ces bains, il suffit de connaître l'importance
qu'y attachait ce peuple. Des règles précises sont écrites à ce
sujet dans le Thalmud : l'eau devait être courante ; les femmes
s'y plongeaient tout entières ; aucune partie du corps ne d e -
vait être soustraite à l'action de l'eau, et par suite de cette
disposition , les Juifs , qui recherchaient bien plutôt la lettre
que l'esprit de la l o i , déclaraient les bains nuls si les Juives
avaient conservé un seul anneau dans le moment de l'immer-
sion. Des gardes veillaient à la complète exécution de ces pra-
tiques religieuses. Les Juifs exerçaient le commerce des vins
«t de la boucherie. Du moment où la loi française s'étendit
à L y o n , ils cherchèrent le moyen de se soustraire aux dé-
fenses d'Agobard, et voici l'occasion qu'ils saisirent pour en
appeler à la justice de l'empereur.
   L'archevêque avait reçu au baptême une esclave juive et
placée au service d'une famille juive ; les Israélites en por-
tèrent leurs plaintes à un seigneur de la cour, établi par Louis
le juge et comme le gardiateur des H é b r e u x , sous le titre
de maître des Juifs. Cet homme était chrétien , mais il favo-
risait les Juifs , d'abord parce qu'il était de son devoir de les
proléger pour s'acquitter de son e m p l o i , et e n s u i t e , dit le
P. Menestrier, parce qu'il en lirait de grosses sommes d'argent.
C'est pourquoi les Juifs obtinrent un rescrit ou bulle d'or, qui
défendait de baptiser les esclaves des Juifs contre la volonté