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   La pensée de cette loi présente un caractère de bienveil-
lance que nous n'avons pas rencontré dans les édits des
règnes précédents ; mais comme elle était dictée par la dif-
férence humiliante qu'on établissait entre les chrétiens et les
Juifs. Il suivait de là que les Israélites, exempts des épreuves
appliquées aux chrélieus, se trouvaient, par rapport à leur
position exceptionnelle , privés de l'exercice des droits de
citoyen. Aux yeux de la loi, l'état du Juif ressemblait en
quelque sorte à celui des personnes notées d'infamie, ou
bien encore à celui des histrions, des hérétiques, des païens;
c'était une caste en dehors de la société commune, et ne
tenant à la France que par le sol ; aussi, le droit d'accuser
pour les crimes publics n'appartenait point aux Juifs, et ceux-
ci ne pouvaient intenter une action en justice que dans les
causes à eux personnelles. Un capitalaire de 789 renouvelle
la défense faite aux Israélites de retenir des esclaves chré-
tiens, et statue que les membres de la nation juive ne peu-
vent se marier entr'eux qu'après le septième degré.
   Tels étaient les principaux éléments de la législation fran-
çaise relative aux Juifs sous Charlemagne. Sans doute il s'y
remarque encore un sentiment de prévention invétérée et de
mépris ; mais comme Charlemagne dictait les lois que la
grandeur de son nom pouvait faire croire stables, et que
d'ailleurs ce monarque était plus favorable que ses prédéces-
seurs à la nation juive, plusieurs familles de ce peuple
osèrent croire à la fixité de leur existence légale , et vinrent
se fixer dans les provinces méridionales de la France. On
peut signaler que depuis ce règne il s'introduisit en France
l'usage de souffleter chaque année un syndic des Juifs ; les
évoques observèrent religieusement cette coutume, et, mal-
gré un procès intenté par les Juifs, elle subsista même sous
Louis-le-Débonnaire et Charles-le-Chauve, ces deux protec-
 teurs de la nation israélite.
   "Voici venir un règne que l'on doit considérer avec raison
comme l'époque de la prospérité juive pendant les premiers