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267 La pensée de cette loi présente un caractère de bienveil- lance que nous n'avons pas rencontré dans les édits des règnes précédents ; mais comme elle était dictée par la dif- férence humiliante qu'on établissait entre les chrétiens et les Juifs. Il suivait de là que les Israélites, exempts des épreuves appliquées aux chrélieus, se trouvaient, par rapport à leur position exceptionnelle , privés de l'exercice des droits de citoyen. Aux yeux de la loi, l'état du Juif ressemblait en quelque sorte à celui des personnes notées d'infamie, ou bien encore à celui des histrions, des hérétiques, des païens; c'était une caste en dehors de la société commune, et ne tenant à la France que par le sol ; aussi, le droit d'accuser pour les crimes publics n'appartenait point aux Juifs, et ceux- ci ne pouvaient intenter une action en justice que dans les causes à eux personnelles. Un capitalaire de 789 renouvelle la défense faite aux Israélites de retenir des esclaves chré- tiens, et statue que les membres de la nation juive ne peu- vent se marier entr'eux qu'après le septième degré. Tels étaient les principaux éléments de la législation fran- çaise relative aux Juifs sous Charlemagne. Sans doute il s'y remarque encore un sentiment de prévention invétérée et de mépris ; mais comme Charlemagne dictait les lois que la grandeur de son nom pouvait faire croire stables, et que d'ailleurs ce monarque était plus favorable que ses prédéces- seurs à la nation juive, plusieurs familles de ce peuple osèrent croire à la fixité de leur existence légale , et vinrent se fixer dans les provinces méridionales de la France. On peut signaler que depuis ce règne il s'introduisit en France l'usage de souffleter chaque année un syndic des Juifs ; les évoques observèrent religieusement cette coutume, et, mal- gré un procès intenté par les Juifs, elle subsista même sous Louis-le-Débonnaire et Charles-le-Chauve, ces deux protec- teurs de la nation israélite. "Voici venir un règne que l'on doit considérer avec raison comme l'époque de la prospérité juive pendant les premiers