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208 siècles. Souvent même la faveur dont les Hébreux furent entourés ressemble à une violation des droits sacrés de l'Eglise. A peine Charlemagne est descendu du trône , et déjà Louis vient s'asseoir à la place de son père. Malheureusement cet empereur, surnommé le Débonnaire, ne fut pas seul à pren- dre entre ses mains les rênes de l'état. À ses côtés, l'histo- rien voit paraître le maître des Juifs, intime conseiller de Louis ; et ce prince crédule, livré tout entier aux absurdes spéculations de la magie juive, choisit pour médecin un nom- mé Sedécias, le plus fameux de tous les magiciens. Placé dans cet enlourage, l'empereur ne pouvait manquer de couvrir de sa protection la nation israélite ; aussi bien se fit-il à cette époque une étonnante réaction. La cour et le peuple sont envahis, circonvenus et séduits par les Juifs ; sur les instances de l'abbé Hugues, chancelier de l'empereur, Louis accorde aux Israélites la faculté de posséder des immeubles , et d'en disposer à leur gré par v e n t e , donation ou échange. Jusqu'à cette époque, les Juifs n'avaient pu se rendre maîtres de pro- priétés réelles sur les terres des chrétiens, leurs richesses consistaient tout entières en meubles et sommes d'argent; cet édit donnait donc à la nation proscrite une position fixe, un droit de bourgeoisie; du reste, je le trouve rempli de sagesse, et si je le rapporte, c'est uniquement pour faire com- prendre le degré d'importance et d'intérêt qu'ils avaient at- teint dans l'esprit du prince. Voyez comme dans les circons- tances dont je viens de parler, le chancelier se dépouille de ses répugnances de chrétien et d'abbé, pour complaire à la nation en faveur. Ces galanteries deviennent communes à tous les conseillers de l'empereur; chacun des hauts sei- gneurs s'empresse de faire la cour aux Juifs ; tous veulent se rendre dignes de leur amitié, à l'aide de magnifiques présents. De larges immunités sont accordées aux Israé- lites; et bientôt elles deviennent communes au plus grand nombre. Ce n'est pas tout encore : alors que ceux qui gou- vernent honorent de leur confiance les superstitieuses pra-