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siècles. Souvent même la faveur dont les Hébreux furent
entourés ressemble à une violation des droits sacrés de l'Eglise.
A peine Charlemagne est descendu du trône , et déjà Louis
vient s'asseoir à la place de son père. Malheureusement cet
empereur, surnommé le Débonnaire, ne fut pas seul à pren-
dre entre ses mains les rênes de l'état. À ses côtés, l'histo-
rien voit paraître le maître des Juifs, intime conseiller de
Louis ; et ce prince crédule, livré tout entier aux absurdes
spéculations de la magie juive, choisit pour médecin un nom-
mé Sedécias, le plus fameux de tous les magiciens. Placé dans
cet enlourage, l'empereur ne pouvait manquer de couvrir de
sa protection la nation israélite ; aussi bien se fit-il à cette
époque une étonnante réaction. La cour et le peuple sont
envahis, circonvenus et séduits par les Juifs ; sur les instances
de l'abbé Hugues, chancelier de l'empereur, Louis accorde
aux Israélites la faculté de posséder des immeubles , et d'en
disposer à leur gré par v e n t e , donation ou échange. Jusqu'à
cette époque, les Juifs n'avaient pu se rendre maîtres de pro-
priétés réelles sur les terres des chrétiens, leurs richesses
consistaient tout entières en meubles et sommes d'argent;
cet édit donnait donc à la nation proscrite une position fixe,
un droit de bourgeoisie; du reste, je le trouve rempli de
sagesse, et si je le rapporte, c'est uniquement pour faire com-
prendre le degré d'importance et d'intérêt qu'ils avaient at-
teint dans l'esprit du prince. Voyez comme dans les circons-
tances dont je viens de parler, le chancelier se dépouille de
ses répugnances de chrétien et d'abbé, pour complaire à la
nation en faveur. Ces galanteries deviennent communes à
tous les conseillers de l'empereur; chacun des hauts sei-
gneurs s'empresse de faire la cour aux Juifs ; tous veulent
se rendre dignes de leur amitié, à l'aide de magnifiques
présents. De larges immunités sont accordées aux Israé-
lites; et bientôt elles deviennent communes au plus grand
nombre. Ce n'est pas tout encore : alors que ceux qui gou-
vernent honorent de leur confiance les superstitieuses pra-