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250 ce peuple ; néanmoins, de nos jours encore, il n'a point re- noncé à l'espoir de son établissement, et passe sa vie à attendre le Messie , qui ne viendra plus. Il est facile de com- prendre que les fractions du peuple juif, en apportant dans l'esclavage leurs espérances et leurs préventions nationales , durent y conserver leur individualité. Bientôt les ferments de haine embrasèrent le m o n d e , et les persécutions qui épu- rent et sanctifient, mais ne détruisent pas , se chargèrent de les éterniser. C'est un triste tableau que celui de ce peuple tour à tour accusateur ou accusé, rappelé ou chassé, caressé ou frappé, victime de confiscations générales ou se vengeant à force de déprédations partielles , persécuteur ou persécuté, mais tou- jours maudit et toujours maudissant. Toutefois, la somme des vexations dont les Juifs eurent à gémir fut incompara- rablement plus forte que celle de leurs vengeances isolées, et trop souvent la calomnie vint en aide à la haine publique pour aggraver leur sort. La puissance ecclésiastique s'écartant des principes de t o - lérance qu'elle avait puisés dans le christianisme, ne se con- tenta pas de réduire les Israélites à l'impossibilité de nuire ; son œuvre eût été sainle si elle se fût bornée là , mais elle s'efforça d'extirper par la violence les derniers rejetons de la l'ace proscrite. Les intentions de l'Eglise furent b o n n e s , ses voies furent mauvaises ; dans le but de prémunir les fidèles contre les tentatives du prosélytisme judaïque, elle ameuta les peuples et les rois contre les enfanls d'Israël. Dès le com- mencement du 12 e siècle, on raviva les dissensions religieuses par des accusalions absurdes : chaque nouveau fléau dérivait directement ou indirectement des Juifs ; c'étaient les Israé- lites q u i , par l'empoisonnement des fontaines, causaient les pestes et la mortalité publique ; c'étaient eux q u i , par leurs relations avec les Sarrasins, changèrent en déroutes san- glantes les triomphes prédits des Croisés ; c'étaient eux, enfin, qui, par leurs profanations sacrilèges, provoquaient la colère