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peine si les mœurs sanguinaires de quelques peuplades p r é -
sentent de rares exceptions à ces règles universelles. P u i s ,
lorsque le temps de la captivité venait à finir, plusieurs des
malheureux dont j'ai parlé retournaient chercher leur part
de nationalité, mais bien d'autres aussi restèrent parmi nous.
Ils s'étaient habitués à trouver sur la terre française une nou-
velle pairie ; leurs mœurs , leurs caractères s'étaient harmo-
nisés avec les n ô t r e s , et les enfants ignorent aujourd'hui à
quelle nation appartenaient leurs pères. Tout ceci devait
être, parce que dans l'ordre naturel des choses, il n'existe
point une ligne de démarcation fatale établie de peuple à
p e u p l e , et les antipathies les plus remuantes se calment de-
vant le temps.
    Eh bien! il s'est passé et se passe encore -dans le monde
un exemple en dehors de loules ces conditions. Le peuple
juif, dont l'origine se rattache aux premiers âges de notre
globe, voit son histoire descendre jusqu'à nos jours par une
chaîne non interrompue de gloire et de revers_, de puissance
et de faiblesse. Bien des fois on a pensé avoir effacé son nom
du rang des nations ; bien des fois la Judée s'est vue veuve
de ses enfants ; mais les peuples qui s'étaient assis sur ses
ruines ont passé ; il n'existe plus d'eux qu'un obscur souvenir,
et la nation juive s'est reconstituée plus puissante et p l u s
forte. Enfin, l'Empire romain est venu, il n'a pas laissé pierre
sur pierre dans l'enceinte de Jérusalem. Depuis dix-huit siè-
cles à peu p r è s , le royaume de Juda s'est écroulé; Tite a
jeté les ossements du peuple juif en pâture aux nations de la
t e r r e , et les nations se sont rejeté ces derniers débris d'un
grand corps ; on s'est efforcé de les b r i s e r , de les triturer
avec le fer ; on les a fait passer par les flammes, on les a
soumis à toutes les épreuves de dissolution ; mais ils ont usé
la fureur des peuples et survécu aux outrages des siècles ;
séparés pour toujours, ces ossements crient encore l'un à
l'autre , pour eux la nationalité existe sans nation.
  Celui-là qui voudrait expliquer ce mystère par des raison-