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248 nements purement naturels tournerait dans un cercle vicieux et confondrait souvent l'effet avec la cause; la question veut être envisagée de plus haut, l'historien doit étudier la nature du peuple juif, et prendre dans les mains de cette nation la condamnation écrite qu'elle porte avec elle. Les Juifs ont été, avant tout, le peuple de Dieu; leur constitution fut théocra- tique plutôt qu'humaine. Cette nation fut de tout temps vouée à l'enseignement des autres peuples, son élévation et sa ruine servent de leçon au monde , ses époques d'aveuglement et de rébellion , ou d'obéissance et de f o i , sont ses fastes d'ag- grandissement ou de décadence ; le doigt de Dieu s'est posé sur chaque page de son histoire, et les Israélites gardent avec eux cette histoire comme un monument éternel de l'analhème qui pèse encore sur e u x , ils la lisent et la savent par cœur sans la comprendre ; d'épaisses ténèbres obscurcissent leurs pensées et voilent leurs cœurs. Le peuple hébreu altère le sens de ses prophéties ; il attendait le jour de son affranchis- sement, ce jour a lui, il l'a laissé passer, et le désire encore; il a étouffé son règne au berceau , e t , dans le désespoir qui l'accable de ne plus le voir commencer, il s'interdit le droit de supporter les époques. Aussi, voyez : disséminés et es- claves, mais liés entr'eux par une force cachée qui résiste aux puissances humaines , les Juifs se sont arrêtés pendant que les sociétés ont marché autour d'eux; ils ont été mêlés aux nations de la terre sans suivre leurs mouvements divers ; ils ont gardé intact le cachet d'une race à part , ils ont vécu leur vie. Certes, lorsque l'on contemple la grande image du ju- daïsme traversant l'ère barbare et l'ère de la civilisation, sans que ses traits subissent la moindre altération ; lors- qu'on la voit fouler les cendres des peuples qui la terrassè- r e n t , sans pouvoir cependant se réunir en corps de nation, et secouer les fers qui la retiennent enchaînée sur tous les points du globe, il est impossible de ne pas découvrir ces deux mois qui planent sur la destinée de ce peuple : Eternité! malheur !