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235 dans laquelle il se trouvait véritablement, il dut refuser les généreux services. Bien plus tard, quand la nouvelle de notre déplorable ca- tastrophe d'avril se fut répandue dans Paris, trois dames s'étaient arrêtées pour quelques menues emplettes de mé- nage chez une petite marchande du boulevard. Ces dames voyant celte femme tout en larmes et paraissant plongée dans la plus profonde affliction , s'informèrent avec intérêt de la cause d'une si vive douleur. « Hélas! Mesdames, leur répon- dit la marchande, un seul mot vous l'apprendra : je suis lyon- naise , et je pleure sur les malheurs de mon pays. Ah! s'écria-t-elle, si le brave M. Pons eût encore été préfet de L y o n , ces malheurs ne seraient jamais arrivés! » Les trois dames n'étaient pas lyonnaises, mais elles furent saisies d'une émotion que l'on comprendra facilement: c'étaient M me Pons et ses deux demoiselles. Cet attachement réciproque qui liait M. Pons et les Lyon- nais, le gouvernement de la Piestauralion le connaissait, et il s'en inquiétait. Aussi, lorsqu'après de longues années d'exil et de souffrances , M. Pons obtint enfin l'autorisation de ren- trer en France et de se rendre à Paris , il lui fut expressé- ment ordonné de ne point s'arrêter à Lyon, où il devait pasr- ser, et d'avoir les glaces de sa voiture soigneusement levées pendant tout le temps qu'il mettrait à traverser la ville. Quanti le peuple parisien eut si glorieusement et si mira- culeusement renversé en trois jours le vieux trône des Bour- bons et chassé la race parjure qui l'occupait par la vertu des baïonnettes étrangères, il semblait naturel de croire qu'un gouvernement né d'une révolution populaire placerait à la tête de chaque département des administrateurs connus par leur attachement aux principes de cette révolution. Les Lyon- nais s'attendaient enfin à ce qu'on leur rendrait le Seul préfet dont le peuple ait gardé la mémoire ; mais il en fut autrement, et Novembre et Avril ensanglan- tèrent notre cité!...