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dans laquelle il se trouvait véritablement, il dut refuser les
généreux services.
   Bien plus tard, quand la nouvelle de notre déplorable ca-
tastrophe d'avril se fut répandue dans Paris, trois dames
s'étaient arrêtées pour quelques menues emplettes de mé-
nage chez une petite marchande du boulevard. Ces dames
voyant celte femme tout en larmes et paraissant plongée dans
la plus profonde affliction , s'informèrent avec intérêt de la
cause d'une si vive douleur. « Hélas! Mesdames, leur répon-
dit la marchande, un seul mot vous l'apprendra : je suis lyon-
naise , et je pleure sur les malheurs de mon pays. Ah!
s'écria-t-elle, si le brave M. Pons eût encore été préfet de
L y o n , ces malheurs ne seraient jamais arrivés! » Les trois
dames n'étaient pas lyonnaises, mais elles furent saisies d'une
émotion que l'on comprendra facilement: c'étaient M me Pons
et ses deux demoiselles.
   Cet attachement réciproque qui liait M. Pons et les Lyon-
nais, le gouvernement de la Piestauralion le connaissait, et
il s'en inquiétait. Aussi, lorsqu'après de longues années d'exil
et de souffrances , M. Pons obtint enfin l'autorisation de ren-
trer en France et de se rendre à Paris , il lui fut expressé-
ment ordonné de ne point s'arrêter à Lyon, où il devait pasr-
ser, et d'avoir les glaces de sa voiture soigneusement levées
pendant tout le temps qu'il mettrait à traverser la ville.
   Quanti le peuple parisien eut si glorieusement et si mira-
culeusement renversé en trois jours le vieux trône des Bour-
bons et chassé la race parjure qui l'occupait par la vertu des
baïonnettes étrangères, il semblait naturel de croire qu'un
gouvernement né d'une révolution populaire placerait à la
tête de chaque département des administrateurs connus par
leur attachement aux principes de cette révolution. Les Lyon-
 nais s'attendaient enfin à ce qu'on leur rendrait le
          Seul préfet dont le peuple ait gardé la mémoire ;
mais il en fut autrement, et Novembre et Avril ensanglan-
tèrent notre cité!...