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 geurs et fit ajouter une illustre victime aux autres victimes
 de l'époque.
    Le même jour, dans le trouble inséparable d'une aussi
 cruelle situation, en voulant sauver un imprudent qui, parmi
 les soldats, avait mis une cocarde blanche, M. Pons fut
 frappé d'un coup de sabre qui heureusement n'atteignit que
 son chapeau. C'était aussi dans ce moment qu'une artillerie
considérable était amoncelée sur la place Bellecour. Le peu-
ple voyait avec une sorte de rage de si puissants moyens
de défense demeurer sans emploi. Il attribuait leur abandon;
 à la trahison ; il nommait les traîtres. Les masses s'emparè-
rent de celte artillerie et voulurent marcher à l'ennemi. Il
y avait là absence absolue de toute raison. Quelques bons
citoyens se succédèrent pour faire entendre un langage de
sagesse; leurs voix furent étouffées, et tour-à-tour ils durent
forcément se retirer. On appela M. Pons; il se rendit sur la
place de Bellecour ; les masses le saluèrent par des acclama-
tions d'enthousiasme ; elles le nommèrent commandant,          gé-
néral en chef, maréchal même , comme elles en avaient déjà
nommé d'autres, et tout cela pour qu'il leur fît combattre
les Autrichiens. Il était le seul fonctionnaire que son aveu-
glement n'eût pas déshérité de la confiance publique. Il fallait
profiter de celte heureuse position personnelle. M. Pons fei-
gnit de se prêter à la demande qu'on lui faisait. II ordonna
un mouvement. Mais comment traîner de grosses pièces de
canon lorsqu'on n'avait rien pour les faire mouvoir?... Ce
premier mouvement fit révéler les difficultés et diminuer le
nombre des combattants; un second le diminua encore da-
vantage; un troisième acheva de le disperser, et vers deux
heures du m a t i n , il ne restait presque plus personne. Alors
on engagea M. Pons à ne pas se sacrifier inutilement; on le
pressa de se retirer ; il se retira , on le suivit, et c'est ainsi
que la campagne se trouva terminée.
   Cependant la convention avec les Autrichiens était signée.
L'armée des Alpes se mettait en marche pour aller au-delÃ